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Révolution Conservatrice à la française (Nicolas Kessler)

Publié le par Christocentrix

Une révolution conservatrice à la française tel est le sous-titre de l'Histoire politique de la Jeune Droite (1929-1942) de Nicolas Kessler. (Edit. L'Harmattan, 2001). Préface de J.L Loubet del Bayle.

 

 

"Les non-conformistes des années 30" appartiennent aujourd'hui à l'historiographie politique et intellectuelle de la France du XXème siècle. Cette nébuleuse de jeune intellectuels "personnalistes ", qui, dans les années 1930-1934, eurent l'ambition de renouveler la façon de poser les problèmes politiques et sociaux du XXème siècle, s'organisa autour de trois courants Esprit, l'Ordre nouveau et ce que Mounier qualifiait de Jeune Droite, en désignant par là un ensemble de jeunes revues apparues aux marges de l'Action française. Si l'histoire de l'émergence de ces groupes dans les années 1930-1934 est relativement connue, il n'en est pas toujours de même pour leur histoire, ayant et, surtout, après ce tournant des années 30, particulièrement entre 1935 et 1940 et dans les années 40. Pour Esprit, on dispose, avec l'ouvrage que lui a consacré Michel Winock, d'une synthèse assez complète, retraçant son histoire, de sa fondation en 1932 à la disparition d'Emmanuel Mounier en 1950. En revanche, si les recherches de Christian Roy apportent des informations précieuses sur la genèse de l'Ordre nouveau, l'histoire d'ensemble de ce mouvement reste encore à écrire. La situation était un peu analogue pour la Jeune Droite, malgré un certain nombre de travaux ponctuels, comme ceux de Véronique Chavagnac sur Jean de Fabrègues ou le lire d'Étienne de Montety sur Thierry Maulnier. C'est cette lacune que vient de combler avec talent l'ouvrage de Nicolas Kessler. »

                                                                                        

                                                                                         Jean-Louis Loubet del Bayle

 

 

Né en 1969, Nicolas Kessler est agrégé et docteur en histoire. Spécialiste de l'histoire des idées politiques, il a notamment publié un essai sur le conservatisme américain (PUF, 1998). Quant à J.L Loubet del Bayle, il est l'auteur de : "les non-conformistes des années 30" édité dans la collection "points Histoire" en 2001 (1ère édit ; Seuil,1969).

On lira aussi avec interêt, sur cette période, "de la beauté comme violence, l'esthétique du fascisme français, 1919-1939 " par Michel Lacroix, édité par les Presses de l'Université de Montréal en 2004.

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C
De la beauté comme violence (l'esthétique du fascisme français, 1919-1939). Michel LACROIX. (Presses de l'Université de Montréal, 2004)<br /> <br /> Y eut-il, entre 1919 et 1939, un fascisme proprement français ? Oui, contrairement à ce qu'affirme depuis longtemps l'historiographie française. La base de ce fascisme était-elle idéologique ? Non, affirme Michel Lacroix : elle était d'abord esthétique.<br /> Son ouvrage vise à montrer que tout du fascisme naît de l'esthétique ou y aboutit. Les discours,les pratiques symboliques, et les textes littéraires ne cessent de le répéter : "Qui dit fascisme dit avant tout beauté" (Bénito Mussolini).<br /> Qu'est-ce qu'un chef ou un héros pour les artistes fascistes ? Quelles valeurs cherchent-ils à promouvoir chez les jeunes, en Allemagne, en Italie et en France? A quel spectacle politique consacrent-ils leurs efforts ? Voilà les trois principales questions auxquelles répond Michel Lacroix. Pour y arriver, il est allé relire Drieu La Rochelle, Céline ou Brasillach, mais il s'est aussi interessé au scoutisme et à l'olympisme, à la sculpture comme au cinéma. C'est ce qui lui a permis de comprendre les rapports du pathos, de l'exhibition, du sublime, de la violence et de la mort dans le fascisme français de l'entre-deux-guerres.<br /> Comment a-t-on pu librement choisir, préférer, voire désirer le fascisme ? Comment le fascisme a-t-il pu apparaître comme projet politique louable, nécéssaire, sinon idéal pour des millions d'Européens de l'entre-deux-guerres ? Comment, en un mot, a t-on pu être fasciste ? Maintes hypothèses ont été formulées pour tenter d'expliquer celà, qui apparut et apparaît encore pour beaucoup inexplicable. A la suite, entre autres, de Walter Benjamin, nous postulons que l'attrait du fascisme a résidé dans son projet esthétique, dans sa promesse d'une nation superbement belle, d'une vie héroïque, d'un spectacle politique ravissant qui éblouit. Pareille thèse ne saurait être exclusive, dans la mesure où un phénomène historique aussi complexe ne peut se réduire à une explication unique. Le rapport à la modernisation politique et économique, les cycles économiques, les conflits entre "identités" nationales et sociales, la dynamique des idéologies, l'expérience de la Première Guerre mondiale, les contextes historiques nationaux,etc...tous ces éléments, et bien d'autres encore ont compté. Sans nous inscrire en faux contre les perspectives qui soulignent l'importance prise par ces derniers dans l'avènement du fascisme, nous avons choisi de montrer que le rôle joué par l'esthétique devrait être promu parmi les plus importants facteurs explicatifs.<br /> Le fascisme s'est voulu incarnation de la beauté. L'un de ses traits marquants, qui le distingue d'ailleurs des mouvements politiques contemporains, est la place primordiale prise par l'esthétique dans son idéologie. Le jugement porté sur la Cité, sur ce qu'elle a été, est ou devrait être, est conditionné chez lui par les critères du beau et du laid. La société qu'il veut faire advenir repose moins sur la justice, la moralité ou la richesse ; il ne promet ni droits ni bonheur, ne rétablit pas plus la tradition qu'il n'incarne vraiment la modernité; sa caractéristique majeure doit être la beauté et toutes ses qualités afférentes : force, unité, émotion, dynamisme, etc... Deux hypothèses majeures sous-tendent l'ensemble de notre travail. Nous posons en premier lieu que l'esthétique, dans le fascisme, est une dimension première et essentielle. Elle en est une dimension parmi d'autres en un sens que d'autres veines discursives composent le discours fasciste dans son ensemble, celles issues de la religion ou de l'économie, par exemple. Elle en est malgré tout une dimension fondatrice et incontournable. D'une part la sensibilité esthétique est à la base du fascisme, elle le précède et y conduit. D'autre part, la justification esthétique légitime l'ensemble du projet fasciste. Le pouvoir absolu du chef, les incessantes demandes de sacrifice et d'héroïsme, le mépris à l'égard des bourgeois, l'exigence d'uniformité parfaite, le militarisme omniprésent, la nécéssité d'une violence purificatrice : chacun de ces aspects du fascisme possède des assises esthétiques. Nous posons comme seconde hypothèse que le fascisme représente la radicalisation d'un vaste pan de la culture européenne du début du XXème siècle: radicalisation de l'autoritarisme et du phallocentrisme, d'abord. Radicalisation ensuite de la nouvelle culture émergente du corps, du muscle et de la jeunesse. Radicalisation aussi de la tradition du spectacle politique nationaliste...."