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Au galop des Hussards (Christian Millau)

Publié le par Christocentrix

Au début des années 50, la France littéraire s'ennuie.
Tout ce qui n'est pas au garde-à-vous devant le Parti communiste, tout ce qui échappe à la gauche morale d'un Camus ou à l'engagement sartrien passe pour «réactionnaire ».

Un jeune écrivain surdoué, Roger Nimier, à la tête d'une petite revue nommée Opéra, va entreprendre de faire des étincelles. Autour de lui, Antoine Blondin, Jacques Laurent, Michel Déon, Félicien Marceau et bien d'autres, différents par le style, l'inspiration ou même les idées - sauf une : la littérature ne doit obéir à personne. Et surtout pas à l'idéologie ni à la politique.


Jeune journaliste, avant de devenir un chroniqueur gastronomique mondialement connu, Christian Millau a participé à l'aventure de ceux que l'on appela ensuite les Hussards. Il la ressuscite avec la fougue et le mordant d'un livre d'action, dans des pages où l'on croise aussi Mauriac et Céline, Marcel Aymé, Cendrars et Chardonne, et , qui constituent un irremplaçable témoignage littéraire.
Millau se souvient des enfants terribles qui partirent sabre au clair pour tuer l'ennuyeux moralisme de l'après-guerre.



C'est l'histoire d'une chevauchée romanesque dans une époque où des publications comme Opéra, Carrefour, Arts, La Parisienne devinrent des bastions de jeunesse, de camaraderie, de liberté de l'esprit.

 





-extraits de commentaires au moment de la sortie du livre en 1999 (édit. de Fallois). Il existe aussi une édition en "Livre de poche".



"Lorsqu'on évoque le nom de Christian Millau, on pense au critique gastronomique. Mais ce que l'on sait moins c'est que, jeune journaliste de 20 ans, il fit ses premières armes dans la presse littéraire. Au galop des Hussards raconte les années bouillonnantes pendant lesquelles Christian Millau s'est retrouvé, par un concours de circonstances, engagé par Roger Nimier dans la revue Opéra. L'année 1951 marque en effet un tournant dans sa vie de jeune chroniqueur. Il se retrouve alors au cœur d'un des mouvements littéraires fondamentaux des années 50, qu'on appelle depuis lors celui des Hussards. Plus de quarante ans sont passés et Christian Millau se rappelle… Les souvenirs se bousculent, ses rencontres inoubliables avec les "ancêtres" : Léautaud, Céline, Cendrars, Jouhandeau, puis avec ceux de sa génération, Laurent, Blondin, Marceau, ses escales à Hong-Kong où il fait la connaissance de Bodard et d'Orson Wells. La galerie de portraits ne manque pas de saveur, surtout parce qu'elle est jalonnée d'anecdotes assez amusantes, comme celle des bananes tièdes que Millau était chargé de livrer à Léautaud pour sa guenon, ou encore l'astuce de Nimier pour présenter ses amis au Docteur Céline, résolument misanthrope, en les faisant passer pour des malades atteints de priapisme et autre maladies peu courantes... Le plus intéressant est sans doute le portrait qui se dégage de l'auteur lui-même, s'effaçant délibérément pour exécuter une fresque dont les figures ne sont autres que celles d’hommes qu'il a profondément admirés et avec lesquels il a lié des amitiés sans failles. La grande humilité de l'auteur, son écriture agréable et ses formules parfois cinglantes, parfois nostalgiques, donnent l'impression de rentrer soudainement dans l'intimité de ces fameux Hussards, à la fois passionnés et profondément désenchantés."
(Manuelle Calmat)

 

"Un homme enfonce d'un coup d'épaule la porte de l'année 1999. Il est d'une jeunesse qui ne passe pas, et Français d'une France idéale, qui n'existe peut-être pas. Sa gaieté est aussi vive que sa tristesse. Il court d'un journal à l'autre, Opéra, Arts, Carrefour, toutes feuilles tombées depuis à l'automne de la presse. Il redresse en passant quelques torts, il lave des crachats sur des statues déboulonnées, s'agenouille devant des vaincus. Leur fait l'offrande de couronnes, qui resteront. Cet homme surgi du blanc et noir des fifties se nomme Roger Nimier. Un livre de Christian Millau, Au galop des Hussards, porte le souvenir de cette comète prodigue en amitié jusqu'aux portes de notre temps. Un souffle d'air entre avec lui. Dans cet air flottent des bulles de champagne, un parfum de monsieur Jadis, et un drapeau avec un cœur qui bat sur l'azur de l'esprit, un azur englanté de fables. Six romans et un chapelet de chroniques ont suffi à Nimier pour conquérir Paris. Sitôt qu'il paraît, Chardonne, Jouhandeau et Morand pensent avoir trouvé un fils à aimer. Des femmes se répètent son prénom sur l'oreiller, le soir, en s'endormant. Son éditeur, Gaston Gallimard, lui offre une Aston-Martin, qu'il baptise «Gaston-Martin». Et quelques centaines de lecteurs s'abritent sous le manteau de ses articles. Ils ont reconnu un ami pour les aider à vivre. Il faut dire que Nimier n'oublie jamais d'amuser la galerie. L'envoi de messages apocryphes, signés Sartre ou Cocteau, est l'une de ses spécialités. Au lendemain de la mort de Gide, en février 1951, il envoie à François Mauriac le télégramme suivant: «Enfer n'existe pas. Stop. Tu peux te dissiper. Stop. Préviens Claudel.» Signé: Gide.
Autour de Nimier se forme une compagnie de talents dessoclés ou à venir. Ce qui vient s'appelle Déon, Blondin, Laurent ou Félicien Marceau. Quant aux vieux messieurs qui avaient plus ou moins perdu de vue le visage de Liberté chérie, ils le regardent tous comme s'il était leur avenir. Lui ne regarde que leurs livres. .....Les plumes du groupe Nimier se retrouvent dans la revue de Sartre catalogués sous la bannière des «Hussards», avec une étiquette dans le dos: «fascistes». Terme choisi par «commodité», poursuit l'auteur: «Les fascistes aiment les femmes, les voitures et l'alcool.»...... C'est aussi cette tranche de France libérée, retournée à ses mensonges et à ses guéguerres civiles que nous restitue le livre de Millau....." (Daniel Rondeau)


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