Algérie Romaine
et pour les plus grands.....
nous reviendrons encore sur cette période romaine de l'Algérie et sa bibliographie....
Les Grecs et leurs pairs en civilisation fondatrice n'avaient de cesse de mettre en
garde les dirigeants et les peuples contre les risques d'un système politique enclin à la dégénérescence. Mais, ce système s'est lentement et
insidieusement imposé en se présentant comme le système politique le plus libre et égalitaire qui soit. Or, depuis toujours, nos ancêtres nous ont avertis que bien qu'il apparaisse
comme le garant de la
liberté et de l'égalité, il n'était pas pour autant un régime de qualité, mais bien plutôt le régime de la médiocrité
que nos cultures ne peuvent admettre. C'est en ce sens qu'Alexander Jacob rompt enfin avec les tabous de notre siècle.
C'est avec rigueur que l'auteur, docteur en philosophie et professeur d'université, canadien d'origine indienne et de religion hindoue, a écrit ce livre empreint d'une totale incorrection
politique, orienté par le point de vue d'un citoyen occidental aux origines hindoues. C'est une voix dissonante dans le
désert du débat intellectuel contemporain. C'est un livre qu'il faut lire avec beaucoup d'attention, puisqu'il condense la pensée des nombreux auteurs qui, depuis la Grèce classique jusqu'à la
première moitié du XXème siècle, ont défendu l'Aristocratie comme étant le système de gouvernement le plus adapté aux sociétés humaines : celui dans lequel les meilleurs pèsent plus que la
majorité. Aristocratie ou démocratie ? Telle est la question qui divise notre culture depuis des siècles et dont la singulière importance redevient évidente dans l'actuelle société de masse.
Appliqué à l'histoire, le politiquement correct s'appelle l'historiquement correct.
Analysant le monde d'hier d'après les critères de notre
époque, l'historiquement correct traque l'obscurantisme, l'impérialisme, le colonialisme, le racisme, le fascisme ou le sexisme à travers les siècles. Que ces mots n'aient pas de sens hors d'un
contexte précis, l'historiquement correct s'en moque : son but n'est pas de comprendre le passé, mais d'en fournir une version conforme à la philosophie dominante.
A l'école, à la télévision ou au café du Commerce, l'historiquement correct règne en maître, proposant une histoire tronquée, falsifiée, manipulée. Les croisades, les cathares, l'Inquisition, les
guerres de Religion, la Révolution, la Commune, l'affaire Dreyfus, le fascisme et l'antifascisme, la Résistance et la Collaboration, l'affaire Pie XII, la décolonisation, la guerre d'Algérie...
Ce livre étudie dix-huit points chauds de l'histoire française et européenne.
Pour chacun d'eux, les conclusions les plus récentes des chercheurs remettent en cause les préjugés, les idées reçues et les mensonges concernant notre passé. Contre l'historiquement correct, les
historiens authentiques nous permettent donc de regarder notre propre histoire en face, et nous réapprennent à l'aimer.
L'énigme du Saint-Suaire de Turin : entre science et histoire
476 : fin du monde antique ou mythe historiographique
La légende du roi Arthur
Le mythe d'Hugues Capet, roi usurpateur
Le mythe de l'an mil comme temps du malheur
Le mythe des croisades
La légende noire de la croisade contre les Albigeois
La légende noire de l'inquisition
Le mythe du " miracle arabe " dans l'Espagne médiévale
Les templiers furent-ils victimes d'un complot ?
Le mythe du droit de cuissage
Les légendes de Jeanne d'Arc
Le mythe de la loi salique dans la succession au trône de France
La légende noire des conquistadores
Pourquoi tuer Henri IV ?
L'énigme de l'homme au masque de fer
Pourquoi révoquer l'édit de Nantes ?
La légende noire de l'esclavage
Le mythe des " deux ordres privilégiés "
Les quatre mythes de la Révolution égalitaire : les biens nationaux
Le génocide vendéen est-il un mythe ?
La légende dorée de la Commune de Paris
Le mythe de la République sociale
Un mythe du " droit du sol " dans l'histoire républicaine
Le mythe de la République altruiste
La légende noire de Pie XII
Contes et légendes du communisme français
Le mythe du " sionisme "
La légende noire de la colonisation
Le mythe de l'empire colonial économiquement rentable
L'Europe à travers les siècles : entre utopies et réalités ?
Jean Monnet et le mythe du " père de l'Europe "
Le mythe du pétrole roi
Le mythe de l'information : l'exemple de la guerre économique
Vous avez été des milliers, l'année dernière, à lire le premier volume de Mythes et polémiques de l'histoire.
Voici le deuxième ! A travers une quarantaine d'articles, ce sont des personnes et des organisations, des événements et des idées, des documents et des lieux qui sont passés au crible de la
critique : les tombeaux égyptiens, Romulus et Remus, les druides, les frères de Jésus, Charlemagne, la papesse Jeanne, la ceinture de chasteté, la chute de Constantinople, Christophe Colomb,
Nostradamus, la bête du Gévaudan, le mythe de la Renaissance, la légende noire des Jésuites, Louis XVII, Napoléon Ier, la chouannerie, Darwin, le mythe de la République
terre d'asile, les maisons closes, De Gaulle, la sécurité sociale, la décadence mythe ou réalité ? etc....
autre exemple: aider la jeunesse de ces peuples sous tutelle à découvrir leur propre patrimoine, sauvegarder leur mémoire, etc...
extrait de l'Avertissement
La grande communauté des peuples qu'est l' « Union française » se trouve définie dans les derniers paragraphes du préambule de la
Constitution.........
......................Pour que cette grande communauté ait une âme, il faut que nos éducateurs, à tous les degrés,
s'appliquent à donner à leurs élèves, aussi bien à ceux de la métropole, qu'à ceux des Territoires français d'outre-mer, une connaissance précise de l'Union française, des moeurs, des goûts et
des coutumes de ses habitants, de la diversité et de la beauté de ses paysages. Notre choix de textes a justement pour objet de faire connaître le milieu physique et les hommes des
diverses parties de la France d'outre-mer dans ce qu'ils ont de permanent et d'original. Nous avons choisi de préférence des textes nouveaux destinés à donner de la France d'outre-mer un aspect
vraiment actuel. Ces pages nous ont été fournies par de bons écrivains, par des savants, par des hommes d'action et des reporters contemporains. Chaque fois que nous l'avons pu, nous avons fait
appel à des oeuvres du terroir et au folklore. Les illustrations dessins et photographies, aident à la représentation pittoresque des lieux et de la vie et font ressortir le contraste né
de la coexistence des coutumes ancestrales et de l'adaptation à la vie moderne. L'appareil pédagogique est destiné à donner une compréhension claire du texte (explication du vocabulaire
et des idées) et à dégager son intérêt pittoresque ou humain. Des travaux éducatifs variés sont proposés aux enfants afin de les faire réfléchir aux nouvelles notions qui leur sont
présentées et d'éveiller en eux une ardente et sympathique curiosité pour les gens et les pays de la France d'outre-mer. Nous donnons à la fin de l'ouvrage un lexique des termes locaux
ou exotiques qui sont marqués d'un astérisque dans les textes.Le but de notre ouvrage serait atteint si la vue d'ensemble qu'il offre des
territoires de la France d'outre-mer contribuait à éveiller dans les esprits et dans les coeurs de nos écoliers, le désir d'apprendre à mieux connaître, donc à aimer plus profondément l'« Union
française », leur patrie commune.
ce manuel de 300 pages date de 1953.
Il serait facile de multiplier les exemples concernant le fond, le contenu de ces manuels....... Et pour qui veut s'en donner la peine, il peut
consulter aux Archives d'Outre-mer (Aix-en-Provence) des tas de documentations sur ce sujet ou dans des "encyclopédies d'outre-mer" de l'époque (illustrées) se faire une idée de
l'effort gigantesque entrepris dans les domaines de l'enseignement général ou technique, les équipements, etc...
Après ce détour "politico-historique" il me sera agréable de revenir à la littérature pour évoquer ce que l'on a nommé : la "littérature coloniale"... tout un patrimoine de la littérature
française aujourd'hui oubliée qui, si elle reste liée à l'épopée de la France outre-mer, a aussi largement contribuée à transmettre la mémoire de ces peuples mêmes. Nous aurons
l'occasion d'y revenir.
(références du manuel : Histoire de France et d'Algérie, A.Bonnefin et M.Marchand, Hachette 1950, Cours élémentaire et moyen Ière année).
Continuons de voir ce qu'en disaisent jadis nos manuels scolaires de l'école communale et républicaine...car dans les manuels d'aujourd'hui il y a comme des "oublis"....Veillons donc à transmettre à nos enfants nos bons vieux manuels ; ils n'étaient pas parfaits et quelques fois un peu mythiques ou simplistes, mais ceux d'aujourd'hui sont nuls. Et puis j'ai pû voir que nos enfants et petits enfants sont très attirés par ces vieux manuels illustrés sur la saga nationale.
Références du manuel : Notre France, son histoire, par E. AUDRIN et M. et L. DECHAPPE, Cours élémentaire des Ecoles Primaires, classes de 9ème et 10ème des Lycées et Collèges. Editions Lavauzelle, 1951.
images à découper:
méthode de lecture utilisée en Algérie, en 1951, par les affreux colonialistes, qui comme on vous l'a toujours
matraqué, étaient loin des réalités du terrain... n'est-ce pas !
et à la fin... Ali et Toto y savaient lire... Ma parole, c'est sûr que "c'est beau, c'est grand, c'est généreux...la Fraaaance..."
Vous avez vu là sur la photo, le petit blond avec le béret... eh ben c'est moi ! moi c'est Toto... Ali c'est l'autre... il savait lire aussi Ali. Peut-être c'est Ali Abdel Aziz
Boutéflika...vous savez... celui qui veut qu'on s'excuse de lui avoir appris à lire le français...
Quant à moi, je pouvais enfin lire ces grosses lettres peintes sur les murs... ces O, ces A, ces S... et puis ces belles lettres : V I V E L' A L G E R I E F R A N C
A I S E .
Durant le premier millénaire de notre ère, malgré la présence de germes de
division, l'unité spirituelle de l'Europe avait été préservée. De l'Atlantique à la Corne d'Or, de la Grande-Bretagne à Chypre, et même au-delà, de l'Afrique du Nord et au Moyen-Orient,
s'étendait une unique Romania, où les églises locales étaient en communion, et où - du moins jusqu'à l'époque de Charlemagne - s'exerçait la souveraineté de l'Empereur qui résidait à
Constantinople.
Cette Romania chrétienne avait été providentiellement préparée par l'oeuvre d'unification accomplie
d'abord par Alexandre le Grand, puis par Auguste et ses successeurs. Trois siècles en effet avant notre ère, Alexandre le Grand avait conçu le prodigieux dessein de «rendre tous les hommes
citoyens d'un même état et d'un même gouvernement», de «faire régner la paix universelle, la concorde, l'union, et d'assurer la communication de tous les hommes les uns avec les autres », pour
reprendre les expressions de Plutarque dans sa Vie d'Alexandre. De l'oeuvre d'Alexandre était née la civilisation hellénistique, étonnant creuset où des apports de l'Iran, de l'Inde et
de l'Égypte, qui comptaient parmi les plus prestigieuses civilisations de l'Asie et de l'Afrique, s'unissaient à l'héritage européen de la Grèce classique. Au seuil même de notre ère, la Rome de
César et d'Auguste avait recueilli l'héritage d'Alexandre, ambitionnant de procurer à jamais à l'univers la paix et la prospérité, par la conjonction de la culture hellénique et de l'art romain
de gouverner les hommes dans l'équité et la justice. Les trois premiers siècles de l'ère chrétienne avaient ainsi été trois siècles de paix, qui favorisèrent grandement l'expansion de l'Église
naissante, malgré les persécutions dues au refus par les chrétiens des gestes de la religion païenne qui garantissait, aux yeux des Romains de ce temps, l'unité et la cohésion morale de
l'Empire.
La conversion de l'empereur Constantin (« Édit de Milan » en 313) avait amené d'ailleurs un total retournement de
la situation. Avant la fin du IVème siècle, le christianisme avait été proclamé religion officielle de l'Empire (380). La foi chrétienne devint, à la place de la religion romaine, le principe de
cohésion de l'Empire ; la Pax romana apparaissait comme le fruit et le signe de la paix de l'Église et de la transformation des coeurs opérée par la grâce divine. Progressivement, la
législation de l'Empire s'imprégnait d'esprit chrétien ; Constantin lui-même promulgua des lois pour restreindre le divorce, adoucir le sort des esclaves, protéger les enfants, les pauvres,
favoriser la sanctification du dimanche. Le christianisme faisait bien autre chose que de s'adapter à une civilisation préexistante ; l'hellénisme et la romanité antique n'étaient pas détruits,
certes, mais ils subissaient peu à peu une refonte totale et une transfiguration qui allaient donner naissance à une civilisation et à une culture nouvelles, spécifiquement chrétiennes. Les
oeuvres des Pères de l'Église, l'architecture de Sainte-Sophie de Constantinople, l'art des mosaïques et des icônes n'auraient pas été possibles sans la philosophie et la littérature de
l'Antiquité, sans l'architecture et l'art de la Grèce et de la Rome païennes, mais ils sont cependant quelque chose de tout différent.
Union entre des peuples très divers, vie collective imprégnée de christianisme et rendant par là même celui-ci
accessible à la population, tels sont les bienfaits que l'Empire apportait à tous ceux qui se glorifiaient du nom de « Romains », devenu synonyme de celui de « Chrétiens ». Ces hommes n'en
gardaient pas moins, en général, un attachement exempt de toute velléité séparatiste, à leur terroir d'origine, à leur petite patrie ; ce patriotisme spontané et naturel paraissait alors
parfaitement conciliable avec l'appartenance à une communauté politique et à un univers culturel plus vaste, dépassant tous les particularismes.
Au cours du Vème siècle, plusieurs royaumes barbares s'étaient établis sur les territoires occidentaux de l'Empire. On
interprète généralement cet événement comme étant « la fin de l'Empire romain en Occident ». La réalité est plus complexe. La déposition de Romulus Augustule en 476 marquait seulement la fin du
partage de l'Empire entre deux titulaires, l'un pour l'Orient, l'autre pour l'Occident, instauré à la mort de Théodose (395) ; l'Occident revenait sous l'autorité de l'Empereur, redevenu unique,
établi à Constantinople.
Les rois barbares, et particulièrement les rois francs, avaient été intégrés à la hiérarchie de l'Empire ; ils
avaient été investis de hautes dignités militaires impériales, voire du consulat. La Gaule mérovingienne était beaucoup plus semblable à la Gaule romaine qu'on ne le croit souvent, et les
éléments Francs et Gallo-romains y fusionnèrent très vite; elle restait au sein de ce qu'on a appelé « le Commonwealth byzantin », c'est-à-dire la communauté culturelle et religieuse de l'Empire
romain christianisé. La situation des royaumes barbares d'Occident était analogue à ce que furent plus tard, dans l'Europe balkanique, les États serbes et bulgares. Ce serait une erreur de croire
que les Francs ont été dès l'origine, dans la Romania, un élément de désagrégation: cela ne deviendra le cas que lorsque le pape Grégoire III, désireux de se rendre totalement
indépendant de Byzance consacrera l'usurpation par les Carolingiens des droits dynastiques des Mérovingiens.
L'Occident a eu durant toute cette période des saints et des Pères de l'Église reconnus par toute l'Église
orthodoxe. Ses racines orthodoxes nous sont rappelées par d'innombrables monuments - églises, baptistères, vestiges divers - qui remontent, au moins partiellement, à cette époque. Il faut
reconnaître cependant que l'Occident n'a jamais totalement assumé la plénitude de la théologie des Pères grecs, ni les développements de la christologie postérieurs à Chalcédoine.
Au cours du deuxième millénaire, malgré le schisme du XIème siècle et l'évolution postérieure de l'Occident, de nombreux vestiges de l'unité perdue restent discernables.
Il faut souligner d'abord que saint Augustin d'Hippone n'était pas un hérétique, et que, malgré les éléments
erronés ou trop personnels de sa pensée, ses écrits transmettaient en même temps l'enseignement traditionnel de l'Église, exprimé avec un génie hors-pair. L'Occident a hérité aussi de cet aspect
de l'oeuvre d'Augustin, et a su parfois, dans une mesure variable selon les auteurs, le dissocier des éléments plus discutables. C'est ainsi que les auteurs spirituels des XIème et XIIème siècles
appartiennent encore à l'univers des Pères de l'Église et restent proches de la tradition orthodoxe, telle qu'elle était vécue en Occident avant le schisme. On peut d'ailleurs en dire autant de
presque toutes les productions - architecturales, plastiques ou littéraires - de l'époque romane. Les auteurs cisterciens qui gravitent autour de Bernard de Clairvaux découvrent même des éléments
de la doctrine de Grégoire de Nysse et de Maxime le Confesseur, qu'ils conjuguent avec un héritage augustinien, moins consonant à la tradition grecque.
Au XIIIème siècle, un Thomas d'Aquin, le plus éminent représentant de la scolastique, et défenseur des thèses
catholiques romaines contre les Grecs, se voulait cependant disciple des saints Pères beaucoup plus que d'Aristote ; une réelle connaissance de Denys l'Aréopagite, de Grégoire de Nysse et
d'autres textes patristiques grecs lui ont permis de nuancer, sur des points importants, l'augustinisme trop exclusif de ses prédécesseurs, même s'il en reste fortement tributaire à d'autres
égards.
Le caractère trop scolaire et abstrait pris par la théologie dogmatique dans les universités occidentales à partir
du XIIIème siècle, la rendit souvent suspecte aux yeux des hommes spirituels, et produisit une dissociation entre « théologie » et « spiritualité ». Ce divorce eut le résultat bénéfique de
maintenir davantage la vie spirituelle dans le sillage de la tradition des dix premiers siècles, ce qui ne veut pas dire, évidemment qu'elle soit restée intégralement «orthodoxe ». L'expérience
de la prière et de la vie spirituelle a ainsi, en Occident, comme sécrété sa propre théologie, et elle l'a fait en s'inspirant largement des Pères de l'Église. Les Vies des Pères du désert, saint
Cassien, saint Jean Climaque, saint Dorothée de Gaza, ont compté parmi les principales sources de la doctrine ascétique, à côté de saint Augustin et de saint Grégoire le Grand. Les Cappadociens,
connus d'abord à travers Scot Érigène, et surtout Denys l'Aréopagite, vénéré en Occident comme le premier évêque de Paris, ont été les principaux maîtres de la doctrine occidentale sur la
contemplation. C'est ce qui explique que saint Nicodème l'Hagiorite et saint Théophane le Reclus aient pu utiliser, en lui faisant subir quelques transpositions et modifications indispensables,
un ouvrage occidental sur la vie spirituelle caractéristique de la Contre-Réforme, le Combat spirituel de Lorenzo Scupoli, qui est devenu, grâce â leurs traductions grecque et russe, un
des classiques de la spiritualité orthodoxe.
Une telle doctrine a porté des fruits, grâce à la mystérieuse économie du Saint-Esprit, qui souffle où il veut.
Tout au long des neuf siècles qui ont suivi la séparation entre le catholicisme romain et l'orthodoxie, des hommes et des femmes innombrables ont donné en Occident d'admirables exemples d'amour
de Dieu, de prière incessante, d'ascèse, d'humilité et de charité, d'obéissance évangélique, d'amour des ennemis et de pardon des offenses. Beaucoup ont scellé de leur sang leur fidélité au
Christ.
L'Occident n'a jamais cessé de s'intéresser aux Pères de l'Église et à la tradition commune des premiers siècles.
Le XVIème siècle a connu un important effort d'édition, qui s'est développé au XVIIème, en particulier avec l'oeuvre des Mauristes, et au XIXème, avec la gigantesque édition des deux patrologies,
grecque et latine, par l'Abbé Migne ; il se prolonge au XXème siècle, notamment avec les 350 volumes déjà parus de la collection « Sources chrétiennes ».
L'histoire nous enseigne que les deux moitiés de l'Europe sont moins étrangères l'une à l'autre qu'on pourrait le
penser. Elle suggère que le meilleur modèle pour l'Europe de demain n'est pas l'Empire carolingien, mais la Romania indivise du premier millénaire, dont la nostalgie ne peut être que
féconde.
Le modèle carolingien en effet nous renvoie à une Europe déjà divisée, amoindrie et prégnante de tous les drames
spirituels qui allaient déchirer l'Occident au long des siècles. Au contraire, la Romania chrétienne nous offre l'exemple d'un monde diversifié, certes, mais uni cependant par la
participation à la même culture et par la communion ecclésiastique régnant entre toutes ses parties.
La rupture de cette unité spirituelle a été le drame de l'Europe. Le processus actuel d'unification peut être une
excellente occasion d'y porter remède. Encore faut-il avoir le sens du possible, et se garder des illusions comme des solutions de facilité.
Les structures économiques et politiques qui seront progressivement mises en place ne pourront évidemment pas
aboutir à une sorte de reconstitution de l'Empire romain. Elles devront respecter les identités nationales, qui sont un fruit de l'évolution historique des peuples, et ne doivent pas conduire à
l'isolement ou à la xénophobie. Mais il est souhaitable que ces structures nouvelles s'étendent aux divers peuples qui ont les mêmes racines gréco-romaines et chrétiennes, englobant les nations
orthodoxes.
Une partie importante de la population européenne ayant rejeté le christianisme, et les chrétiens étant
confessionnellement divisés, il ne serait évidemment pas possible de songer à rétablir la « symphonie » qui existait à Byzance entre l'autorité civile et l'Église. Dans l'état actuel des choses,
le christianisme ne peut plus être « religion d'État en Europe. Parler aujourd'hui de rechristianisation de l'Europe, c'est seulement envisager un renouveau de la foi et de la vie spirituelle,
dans des communautés qui deviendraient rayonnantes et s'accroîtraient numériquement, agissant à la manière d'un ferment dans la société ambiante. On songe au rôle que l'Épître à Diognète
assignait aux chrétiens dans l'Empire païen, auquel il leur appartenait de donner une âme.
D'autre part, s'il est extrêmement souhaitable que l'Europe rassemble des chrétiens des diverses confessions, il
ne faut pas se dissimuler qu'il est difficile d'envisager, dans un avenir prévisible, un rétablissement de la communion sacramentelle et d'une pleine unité dogmatique entre ces différents
groupes. On ne saurait en effet réduire les divergences à des malentendus historiques et à des différences de mentalités. Elles portent sur des points importants de la foi chrétienne. L'Église
catholique romaine, se fondant sur l'idée d'un progrès doctrinal qui se serait effectué en son sein et sur une interprétation de l'histoire des premiers siècles de l'Église que ne partagent pas
les autres chrétiens, a défini comme dogmes de foi certains points de son ecclésiologie (le pouvoir de gouvernement sur l'Église universelle conféré au pape de Rome, son infaillibilité doctrinale
personnelle) et certains éléments doctrinaux propres à la tradition latine (notamment, en théologie trinitaire, le Filioque). Or l'Église orthodoxe estime que ces divers points sont contraires à
la tradition apostolique. Avec les groupes issus de la Réforme, les difficultés pour parvenir à l'unité sont encore plus considérables, notamment en raison d'une conception différente du
ministère dans l'Église, et du problème de l'accession des femmes au ministère pastoral.
En face
de l'Église romaine, l'Église orthodoxe ne pourrait accepter de n'être considérée que comme la « moitié orientale » de l'Église du Christ. L'image des « deux poumons de l'Église » appliquée à
l'Église catholique et à l'Église orthodoxe ne peut satisfaire une conscience orthodoxe. L'Église orthodoxe a la certitude d'être l'Église du Christ dans sa plénitude. Et l'Église catholique,
pour sa part, est animée de la même conviction, même si elle réserve une place, à côté du « rite latin », à des « rites orientaux », - notion étrangère à
l'Orthodoxie.
Ces constatations ne doivent pas nous donner l'impression de nous trouver devant
une impasse, ni nous porter à la passivité et au découragement. S'il faut renoncer au rêve d'un unionisme facile, si le moment et les circonstances de l'unité plénière demeurent le secret de Dieu
et sont hors de nos prises, une vaste tâche nous reste à accomplir. L'Europe occidentale et l'Europe orientale doivent cesser de se considérer comme étrangères l'une à l'autre. Les échanges entre
théologiens de confessions différentes ne sont pas à la portée de tous. Mais, à un niveau plus large, le contact entre chrétiens de tradition latine et Orthodoxes, dans l'Europe de demain, peut
être extrêmement fécond pour les uns et les autres. Les maux dont l'Occident a souffert et souffre encore viennent dans une large mesure de ce qu'il a trop longtemps vécu de la seule tradition
augustinienne, ou du moins de ce qu'il l'a indûment privilégiée. Théocratie pontificale au Moyen Âge et cléricalisme, Réforme protestante, querelles théologiques stérilisantes sur la grâce et la
liberté, philosophie individualiste et nominaliste, jansénisme, réactions agressives de l'anticléricalisme et du laïcisme, sont largement tributaires des durcissements de l'augustinisme et des
positions romaines. La présence orthodoxe en Europe est une chance pour tous les chrétiens. Elle peut les aider, efficacement à redécouvrir la plénitude, la jeunesse et la fraîcheur de la
tradition chrétienne des premiers siècles. Le rôle d'un Berdiaev et des Orthodoxes de Meudon dans la naissance du personnalisme français, l'influence féconde de l'Orthodoxie sur des penseurs
catholiques comme jean Daniélou ou Louis Bouyer, la redécouverte du sens de l'icône en Occident, l'audience d'une collection comme « Spiritualité orientale » de l'Abbaye de Bellefontaine
et de traductions sur le tradition orthodoxe ( dont la Philocalie) , le rayonnement de certaines communautés monastiques catholiques ouvertes à l'influence orthodoxe, suggèrent ce
que pourrait produire une pénétration plus profonde encore de la chrétienté occidentale par le levain orthodoxe.
Cela implique évidemment que les Orthodoxes ne cèdent pas à la tendance du nationalisme ecclésiastique, si contraire d'ailleurs au véritable esprit de l'Orthodoxie, ni à
l'esprit de dénigrement et aux querelles internes ; que, tout en résistant aux influences délétères de la civilisation de consommation et de profit, ainsi qu'au relativisme doctrinal ambiant, ils
gardent le coeur ouvert, sachent respecter le secret des consciences et la liberté des personnes et évitent les impatiences d'un prosélytisme indélicat; qu'ils s'intéressent volontiers à tout ce qui existe chez les non-orthodoxes de vestiges de la tradition commune des origines,
qu'ils s'en réjouissent et en rendent grâce à Dieu. Leur souci essentiel doit être de s'attacher à la doctrine des saints Pères et à la tradition de l'Église. Alors, le phénomène de leur présence
dans toutes les régions de l'Europe, loin d'être un facteur de nouvelles divisions, sera comme la mémoire vivante des origines, et, à ce titre, un ferment particulièrement efficace pour la
recomposition de l'unité spirituelle de cette Europe nouvelle.
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