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ΟΙ ΘΕΟΙ ΑΚΟΥΣΑΝ ΤΙΣ ΚΑΡΔΙΕΣ ΤΩΝ ΕΛΛΗΝΩΝ

Publié le par Christocentrix

 

Φυλαγμένο βαθιά εις την αγκάλην τους, τα χώματα ετούτα με κράτησαν αθάνατον! έως ότου νους και χείρες βροτών αγαπημένων εις το φως με ανέσυραν.
Λαμπρότατον ήμαρ. Αναπνέω, ακούω αγναντεύω.... Αλίμονον, χαμένα μου όλα. Βωμοί, Εστίες, Όνομα. Και καθώς ηνία μονάχα εις το χέρι εκρατούσα, με ονόμασαν Ηνίοχον!
Εγώ, ο Ηνίοχος, νικητής εις τα στάδια των ευγενών αγώνων, γεννημένος από τον υπερτέλειον γάμον της παρθενικής ταύτης γης της Ελλάδος, με τον υπέρτατον voυ, πες τον αιθέρα η λογισμό, εσαεί παραμένω στοχαστικός και ένθεος των γεννητόρων μου λάτρης. Ακαταπόνητος ηγωνίσθην και αγωνισθήσομαι, έως ότου πληρωθή πάσα ψυχή αγάπης και πάσα γη, αξίων και ωραίων ανθρώπων, βροτών, που ελεύθεροι θα ζουν, αναπνέοντες δικαιοσύνην, κάλλος, έρωτα.
Ω πάγκαλος, Ελληνική, παγκοσμία Ψυχή! Άφθαρτος φύτρα υψηλών λογισμών, ευγενών πόθων, ακοιμήτων στοχασμών δια το ωραίον, το αληθές, το αγαθόν.
Ίσταμαι επί της αθανάτου της Ελλάδος γαίας, άφθαρτος, εις των αιώνων το πέρασμα.
Εγώ, ο Ηνίοχος, που με ερήμαζαν τόσους αιώνας, τώρα εγείρομαι απαλά δια να με εύρη και εμένα, κατά σένα γερμένον η ψυχή σου, που γέρνει προς εμέ. Παρόμοια συγκλίνοντας, εγείραμε και οι δυο μας προς τα μέσα. Έε! θέλω να ζήσης αιώνια! Τρέφοντας παντοτινώς τας αισθήσεις σου όλας, με ουσίας εκπηγαζούσας εκ του Θείου. Ορώ τον Απόλλωνα φύλακά μου, να ευλογή την βούλησίν μου ταύτην προς εσέ.
Εγώ, ο ηνίοχος, γνωρίζω, ναι σου λέω, γνωρίζω και πίστεψέ το βαθιά. Ζουν οι Θεοί και τα ιερά τους! Καίει ακόμα φωτιά. Πυρώνει το άγιον ύδωρ του Μαντείου. Ιδές την δάφνην, αχνίζει εις τα τρίσβαθα της ψυχής μου, της ψυχής σου, και όλων των αληθινών Ελλήνων, που, κινούμενοι από το αείρροον νάμα του κόλπου των Φαιδριάδων, επιστρέφομεν ένθεοι εις το αιώνιον παρελθόν, δια να βιώσωμεν όμοια αιώνιον το παρόν και τρισαιώνιον το πέπλον της ζωής......
voir aussi "le regard de l'Aurige" de Thierry Maulnier : 
http://christocentrix.over-blog.fr/article-34147124.html

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ΤΩ ΚΑΙΡΩ ΕΚΕΙΝΩ...

Publié le par Christocentrix


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tant pis si...

Publié le par Christocentrix

Mon Dieu, tu peux tendre la corde autant que tu veux, et tant pis si elle casse !  
(Nikos Kazantzakis)

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de peur que...

Publié le par Christocentrix

Mon Dieu, ne tends pas trop la corde de peur qu'elle ne se brise ! (Nikos Kazantzakis)

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Martyrologe de l'OAS (Organisation Armée Secrète)

Publié le par Christocentrix

Quelques uns parmi les 104 recensés.....

 

gavaldon - Escolano

 

Escriva

Oierre-Bohn.jpg

             Pierre BOHN

 

de-Brem.jpg Jean de Brem

 

Dovecar.jpgAlbert Dovecar

                GLOIRE et HONNEUR à tous les héros de l'Algérie Française

                                                                        

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Lajos Marton

Publié le par Christocentrix

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Yoannis Kondylakis

Publié le par Christocentrix

Né en 1862 à Viannos, petite bourgade de Crète orientale, Ioannis Kondylakis était issu d'une famille modeste. Dans le contexte des incessantes révoltes crétoises, son enfance fut marquée par l'esprit patriotique de l'époque ; peut-être même a-t-il connu l'exil au Pirée entre 1867 et 1869, sort commun aux réfugiés de l'île, femmes et enfants, en période de troubles. Après l'école primaire, Kondylakis continue, au lycée d'Héraklion puis à Athènes, des études secondaires qu'il interrompt en 1877 pour retourner en Crète et prendre part au énième soulèvement de l'île. Les hostilités terminées, pressé probablement par le besoin, il accepte un emploi d'aide-greffier près des tribunaux de La Canée puis de Mirambello et de Limeras (1879-1881). C'est à cette époque qu'il donne ses premiers articles au journal de La Canée : «La Vérité».   De retour à Athènes en 1882, il termine ses études secondaires et s'inscrit à la Faculté des Lettres, cependant qu'il fait ses débuts littéraires en publiant ses premières nouvelles dans diverses revues. Il collabore par ailleurs au Bulletin de la Société ethnologique et historique. L'année 1884 voit la parution d'un premier recueil, Nouvelles, comprenant L'orpheline crétoise, Le jeune berger du Psiloritis et Le frère ennemi.

En 1885 il accepte un poste de maître d'école - maitre d'écolequi lui permet de mieux gagner sa vie -  à Modi, une petit village proche de La Canée, où il restera un an. Cette expérience lui inspirera plus tard la nouvelle "Lorsque j'étais maître d'école". Toutefois, le métier d'instituteur ne lui convient pas ; lui préférant celui de journaliste, il collabore avec divers journaux de La Canée et d'Héraklion. Mais l'enthousiasme patriotique de ses articles dérange et, une fois encore, le voilà obligé de partir pour Athènes, et pour longtemps (1889). Cette date marque le véritable début de sa carrière de journaliste et d'écrivain.

Comme journaliste, il travaille pour les journaux «Asty» et «Skrip» et surtout pour le quotidien «Embros». Très vite, il devient le spécialiste de la chronique, court article commentant au jour le jour petits faits quotidiens et grands événements nationaux ou mondiaux. De ce qui jusque-là n'était qu'une simple rubrique de presse, Kondylakis fait un véritable «genre» littéraire qu'il marque de son humour et de sa philosophie. Ces «chroniques», qu'il signe sous le pseudonyme de «Le Passant» -l'un des nombreux noms d'emprunt auxquels il eut recours durant sa carrière -, seront en 1916 réunies en un volume, sous le titre « En passant ».

D'avril à juin 1892, Kondylakis publie en feuilletons, dans le journal « Efimérida » la première version de Patoukhas dont il éditera le texte définitif en 1916. C'est également sous forme de feuilleton que sont écrits Les misérables d'Athènes, qui ne paraîtront en volume qu'en 1962. Le recueil des dix-huit nouvelles de Lorsque j'étais maître d'école sort en 1916. Enfin, en 1919, paraît la longue nouvelle Premier amour,296372_200718993331903_100001814113466_438292_1029036733_n.jpg accompagnée de trois autres, plus courtes, seules oeuvres écrites en langue populaire.

Entre-temps, et après avoir passé vingt-cinq années de sa vie dans une modeste chambre au pied du Lycabette, Kondylakis est venu s'installer définitivement à La Canée (fin 1918). Fatigué et prématurément vieilli, il caresse pourtant le projet de consacrer un roman historique aux Ptolémées ; il accomplit donc un voyage à Alexandrie afin de réunir des informations utiles, mais il ne viendra pas à bout de son entreprise : il meurt en 1920.

Malgré les louables tentatives de Dimitra et loanna Frangaki (quatre volumes édités en 1961) et des éditions Ikodomou (trois volumes assortis d'une remarquable introduction du professeur Tomadakis, 1969), il n'existait aucune édition complète de Kondylakis. En effet, outre ses articles, chroniques, nouvelles et romans, Kondylakis a également rédigé des manuels scolaires, complété L'histoire des révoltes crétoises de Zambélios et Kritovoulidis, et traduit des romans français. Un congrès réuni à La Canée en 1996 a constitué une commission chargée de rassembler et de publier son oeuvre.

Qui était Yoannis Kondylakis ? A travers les témoignages de ceux qui l'ont connu se dessine l'image d'un homme simple, modeste, unanimement respecté pour ses qualités humaines et professionnelles. Indéniablement conservateur, il ne fut pas heureux : le jeune Crétois enjoué des années 1880 devint dans sa maturité un amer et un solitaire, et l'on se demande comment un être aussi seul a pu décrypter si finement certains secrets de l'âme et du coeur, comment un sceptique aussi désabusé a pu faire preuve de tant d'humour dans ses nouvelles et romans.

Comme Alexandre Papadiamandis ou Georges Vizyinos et d'autres représentants de la «génération de 1880», Kondylakis peint la vie populaire et les âmes simples - du moins en apparence - avec une compétence et une autorité qui se fondent sur l'expérience : il a lui-même passé son enfance, vêtu des braies crétoises, dans le Viannos de la décennie 1860-1870, et plus tard il a vécu à La Canée, Mirambello et Sitia pour les besoins de son travail. Conformément aux goûts et aux usages littéraires de son temps, il utilise dans sa prose la langue puriste, réservant aux seuls dialogues le dialecte crétois ; adepte convaincu du purisme, il s'est raillé avec un rare acharnement et presque jusqu'à la fin de sa vie des démoticistes et de leurs excès, avant d'écrire une ultime et émouvante abjuration de la katharévoussa et de composer sa dernière oeuvre, Premier amour, en langue populaire.

Patoukhas offre un témoignage précieux sur la Crète rurale, si mal connue, des années 1860-1870. L'action se situe précisément en 1862-1863-1864, quelques mois seulement avant le «Grand Soulèvement» de 1866, dont Pandélis Prévélakis nous a relaté la chronique dans Crète infortunée. L'île se trouve à un moment critique de son histoire, où, sur un fond très archaïque, s'ébauchent certaines mutations dans les façons de vivre et de penser, sous l'influence, bonne ou mauvaise, du monde extérieur, de la «civilisation», même si pour la plupart des insulaires ce monde reste en gros partagé entre la Grèce, les royaumes «francs» et la Turquie, même si leur destin semble encore soumis à Dieu sait quelles prédictions ancestrales. Kondylakis est probablement le premier à exploiter le «mythe de la Crète» qu'illustreront au XXe siècle un Kazantzaki et un Prévélakis. Mais la Crète qu'il nous peint contraste singulièrement avec l'image héroïque qu'en on donnée ces derniers. C'en est en quelque sorte le reflet complémentaire : d'un côté, la geste crétoise, avec ses héros ombrageux en proie à des conflits tragiques, de l'autre - chez notre auteur -, un petit monde de personnages plus proches de nous, plus humains à bien des égards. Ce sont aussi des chrétiens et des patriotes, mais avant tout des paysans, hommes et femmes, avec leurs intrigues mesquines et une vision étroite du monde. L'écrivain, on le sait avec certitude, s'est plus qu'inspiré de ses souvenirs d'enfance et de jeunesse : en créant ses personnages, à commencer par Patoukhas lui-même, il avait à l'esprit des figures authentiques de son Viannos natal. 319924_200717106665425_100001814113466_438290_1351064320_n.jpgIl a su les mettre en scène et leur donner une dimension nouvelle en analysant leurs conflits. Nombre d'épisodes sont de petits chefs-d'œuvre, dont l'humour procure des instants d'intense jubilation. Le romancier multiplie les situations burlesques, les gags impayables ; il utilise avec bonheur les effets de contraste, opposant le jeune sauvageon gaffeur à une petite communauté rurale pleine de préjugés, de tabous, de ridicules et de petitesses, montrant ce berger hirsute et lourdaud amouraché d'une précieuse de village, mijaurée fragile et entichée d'élégances, alliant chez son héros une cervelle d'oiseau à un corps de Titan. Ce type inoubliable trouve tout naturellement sa place dans la mythologie néo-hellénique : figure dionysiaque et panique, résolument optimiste, avatar moderne des faunes et des satyres, cousin germain d'Héraklès et de Dighénis, Manolis-Patoukhas annonce également un Alexis Zorba. Cet être profondément sain incarne la nature contre la culture, la liberté contre toutes les contraintes - celles de la famille, de l'école, de la société et du Turc -; c'est - au moins jusqu'au dernier chapitre - un contestataire incapable de compromis, ne renonçant à un excès que pour tomber dans un autre. Ce garçon fruste, descendu avec tant de réticences des croupes pelées de la Crète, nous invite à reconsidérer avec humour nos rapports avec la nature et avec la société; une sorte de leçon de philosophie à laquelle nous convie Kondylakis !

 

 

 

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nature de notre héritage

Publié le par Christocentrix

"...si l'on recherche quelle est au juste la nature de notre héritage, l'on est conduit au fait central de l'histoire. Ce centre est la Méditerranée. Monde, plutôt que mer, mais fait à l'image de la mer, où se jettent et s'unifient les courants les plus disparates ; comme le Nil et le Tibre mêlent leurs eaux dans celles de la Méditerranée, l'Égypte et l' Etrurie se fondent dans une commune culture. Le rayonnement de la mer auguste franchit les déserts, les montagnes et les forêts, s'étend aux Arabes et aux Gaulois ; mais c'est le long de ses rives que s'accomplit la tâche première de l'antiquité et que s'élabore la civilisation qu'elle devait donner au monde; c'est dans le cercle de l'orbis terrarum que se poursuit le combat du meilleur et du pire ; la lutte-sans fin de l'Europe et de l'Asie, depuis la fuite des Perses à Salamine jusqu'à la fuite des Turcs à Lépante ; le duel à mort où s'affrontèrent selon la chair et selon l'esprit les deux formes parfaites du paganisme, latine et punique. Royaume de la guerre et de la paix, du juste et de l'injuste, royaume de toutes nos haines et de tous nos amours... toute révérence gardée, Aztèques et Mongols, mes frères, vous n'avez rien donné au monde de comparable à la tradition méditerranéenne. Entre l'Orient et elle, certes, de nombreux échanges ont eu lieu, religieux, militaires, commerciaux, et qui nous ont profité dans la mesure où ils étaient conformes à son génie. La chevauchée des Perses mit fin à Babylone, et nous lisons en grec comment ces barbares apprirent à tirer de l'arc et à dire la vérité. Alexandre le Grec marcha vers le soleil levant et revint chargé d'oiseaux couleur d'aurore, de fruits singuliers, et des pierreries du diadème de rois inconnus. L'Islam à son tour subjugua ce monde oriental et nous en ouvrit l'intelligence, étant né comme nous sur les terres qui entourent notre mer. Au moyen âge l'empire mogol agrandit sa puissance sans diminuer son mystère ; les Tartares conquirent la Chine, et les Chinois ne daignèrent pas s'en apercevoir. Tout cela est en soi fort intéressant, mais ne suffit pas pour déplacer le centre de gravité des affaires humaines ; il n'en reste pas moins, tout compte fait, qu'un monde dont il ne subsisterait rien que ce qui fut dit, fait, pensé et bâti dans le bassin méditerranéen, serait en ses parties essentielles le monde où nous vivons. Cette culture méridionale, quand elle étendit ses conquêtes vers le nord et vers l'ouest, produisit d'étonnants résultats, dont nous autres, Anglais, ne sommes pas les moins étonnants ; quand elle gagna, de là, les terres nouvelles au delà des mers, elle continua d'agir aussi longtemps qu'elle demeura culture. Mais toutes les réalités profondes dont elle est faite appartiennent aux rives de la mer d'Ulysse et de saint Paul : la République et l'Église, la Bible et Homère, Israël, l'Islam et la mémoire des empires abolis, Aristote et la mesure de toute chose. Et c'est parce qu'elle est la lumière véritable de notre journée terrestre, non l'obscure clarté qui tombe des étoiles, que j'ai tenu à marquer le lieu où elle se posa tout d'abord, au fronton des palais et des temples qui bornent la Méditerranée vers l'orient.

Le premier rang revient de droit à l'Égypte et à Babylone dans notre imagination, comme dans celle de nos pères et de leurs pères avant eux ; cela ne veut pas dire qu'elles aient été seules, ni que toute civilisation soit venue d'Asie et d'Afrique. De récentes et savantes recherches augmentent sans cesse notre connaissance de l'antique civilisation européenne, et spécialement de ceux qu'il nous faut bien appeler les Grecs d'avant la Grèce ; son centre fut la Crète, durant l'ère dite « minoenne » en souvenir du roi Minos qu'immortalisa la légende et dont le labyrinthe a été effectivement mis à jour par nos archéologues. Cette société européenne policée fut balayée par l'invasion venue du Nord qui créa ou reçut l' Hellade ; mais elle eut avant de mourir l'occasion de faire au monde des présents si précieux que l'humanité s'évertue en vain depuis à les reconnaître, fût-ce en les plagiant.  En un lieu perdu de la côte ionienne qui fait face à la Crète et à l'archipel, s'élevait une ville, que nous appellerions aujourd'hui un village fortifié. leonidas_1024.jpgElle se nommait Ilion, puis on la nomma Troie, et son nom vibre à jamais dans la mémoire des hommes. Un poète qui fut peut-être mendiant et chanteur ambulant, sans doute illettré, et que la légende présente comme aveugle, composa un poème dont le sujet était la guerre que les Grecs firent à cette ville pour reconquérir la plus belle femme du monde. Que la plus belle femme du monde ait habité ce hameau peut sembler légendaire ; que le plus beau poème du monde ait été inventé par un homme qui n'avait rien vu que de pareils hameaux, est un fait historique. L'on assure, il est vrai, que l'oeuvre appartient à la période où la culture primitive était sur son déclin ; auquel cas je demande à voir ce qu'elle produisit à son apogée. Du reste notre premier poème pourrait être aussi bien le dernier ; il représente le premier et le dernier mot de l'homme naturel sur sa terrestre destinée. Si le monde meurt païen, le dernier des humains avant de fermer les yeux ferait bien de citer l'Iliade, Cette grande révélation de l'humanité antique contient un élément de haute importance historique que l'histoire a trop négligé jusqu'ici; le poète a, en effet, conçu le plan de son poème de telle sorte que ses sympathies vont, semble-t-il, au vaincu plus qu'au vainqueur ; quant à celles du lecteur, elles ne font pas de doute. Et ce sentiment va croissant dans la tradition à mesure qu'il s'éloigne de son origine. Achille joue un certain rôle comme demi-dieu païen, et puis disparaît ; mais Hector grandit d'âge en âge; il devient l'un des paladins de la Table Ronde et c'est son épée que la chanson met au poing de Roland à son dernier combat, dans la pourpre et la gloire de son propre désastre. La figure d'Hector, tracée en lignes archaïques sur le crépuscule du matin, est l'image prophétique du premier chevalier ;guerrier.jpg le nom d'Hector présage les défaites sans nombre que devaient subir notre race et notre foi, et le triomphe de survivre à toutes les défaites.  La fin de Troie ne finira jamais ; de vivants échos, éternels comme notre désespoir et comme notre espérance, la prolongent d'âge en âge ; debout, elle fût restée obscure, mais sa chute a été suspendue par un souffle de feu qui l'a fixée à jamais dans l'immortel instant de son annihilation ; la flamme qui la consuma ne se consumera plus. Le feu sacré a couru comme un incendie le long des rivages de la mer intérieure, allumant à la cime des caps et à la pointe des îles la sainte lueur de la petite cité qui fait la grandeur des citoyens, du hameau ceint de murs pour lequel mouraient les héros. L'Hellade aux mille statues n'a pas laissé d'image plus noble que cette statue vivante, l'homme maître de soi; l'Hellade aux mille statues n'avait qu'une poésie, et ses mille bourgades fortifiées retentissaient toutes des lamentations de Troie. Une légende conçue après coup, mais non point fortuite, enseigna plus tard que des Troyens exilés avaient fondé une république sur les côtes d'Italie. Il est vrai, selon l'esprit, que la vertu républicaine ait une pareille racine. Un mystère d'honneur, qui n'est point d'Égypte et qui n'est point de Babylone, continua de briller dans l'ombre comme le bouclier d'Hector, bravant l'Asie et l'Afrique - jusqu'à l'aube retentissante du jour illustre où, dans le vol des aigles et le tonnerre du nom nouveau, le monde s'éveilla en présence de Rome."... 

               G.K  CHESTERTON (extrait de l'Homme Eternel, 1927)

 

 

 

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glaive purificateur

Publié le par Christocentrix

Les traditionalistes "évoliens" (Julius Evola) dénient volontiers au christianisme toute référence à une quelconque forme d'éthique héroïque de l'action. Ils soulignent certes l'idéal guerrier d' « impersonnalité active » tel qu'il apparaît par exemple dans la devise de l'Ordre du Temple : Non nobis, Domine, non nobis, sed nomini tuo da gloriam, chez ces moines-soldats dont Saint-Bernard écrit dans De Laude Novae Militiae : « On dirait que toute cette multitude n'a qu'un seul coeur et qu'une seule âme, tant chacun s'empresse, non de suivre sa volonté propre, mais d'obéir à celui qui commande ». Mais cet héroïsme leur apparaît davantage comme une survivance de l'ethos aryo-romain, assimilé bon gré mal gré par le christianisme, que comme un produit intrinsèque de celui-ci.

Il ne manque pourtant pas de preuves textuelles du contraire, depuis la parole de l'Apocalypse selon laquelle « le Seigneur vomit les tièdes » jusqu'à l'Evangile de saint Matthieu où il est dit : « Je ne suis pas venu apporter la paix sur la terre, mais le glaive», en passant par l'imprécation de Jérémie : « Maudit qui fait mollement l'oeuvre du Seigneur. Maudit qui refuse le sang à son épée. » Ceux qui condamnent le christianisme au nom d'une « spiritualité » païenne  de type héroïco-guerrier aiment à mettre en exergue des citations comme celle qui enjoint d' «aimer ses ennemis comme soi-même». Mais ils omettent de prendre une telle citation dans son sens profond. L'injonction ainsi faite au chrétien est de ne pas utiliser contre l'adversaire des moyens indignes de la cause pour laquelle il lutte et de rester accessible à une forme de miséricorde et d'humilité. 

Au sein d'une certaine frange de la « droite » antichrétienne, où se mêlent parfois traditionalistes "évoliens" et partisans de la « nouvelle école », on cultive un curieux paradoxe : on reproche à la fois au christianisme de promouvoir une vision anti-héroïque du monde et de s'être imposé dans l'histoire par la violence. Sans doute la violence n'est-elle pas héroïque par définition. Elle ne l'est que lorsqu'elle rétablit l'ordre métaphysique nécessaire contre les injustices de l'ordre social contingent, la « juste inégalité », reflet politique du premier, au détriment de l'élitisme prédateur qui caractérise le second. Et telle est la violence du christianisme, comme celle de toute révolution-restauration oeuvrant dans la direction traditionnelle. Le glaive apporté sur la terre par Jésus est un glaive purificateur qui balaye les ferments de décadence spirituelle et à l'abri duquel les « hommes de bonne volonté » peuvent reconstruire quelque chose qui ressemble à un "'âge d'or" spirituel.
                                     
D'une main le chrétien combat le règne du Mal. De l'autre il édifie le Royaume de Dieu. C'est pourquoi, pour reprendre la belle image utilisée dans la Règle des Chevaliers de Notre-Dame, la vigueur du lion qui anime son bras n'a d'égale que la douceur de l'agneau qui lui inonde le coeur. L'exigence de justice postule la vigueur du lion. L'impératif de la paix appelle la douceur de l'agneau. Paix et justice : ce sont les deux grands idéaux du chrétien et, d'une manière plus générale, du traditionaliste. Paix et justice : ce sont les deux grands attributs de Melchissédec, selon l'ordre duquel nous avons vu que le Christ a été consacré. C'est pourquoi le Christ est aussi appelé « Prince de la Paix » et « Juge des vivants et des morts ».

La Paix, au sens chrétien et traditionnel du terme, n'est pas l'éphémère et fragile coexistence d'intérêts et d'appétits divers où se limite le pacifisme profane et qui n'est le plus souvent que la sournoise légalisation du triomphe du plus fort. Elle est au contraire synonyme d'unité primordiale retrouvée et aucune aristocratie autre que celle de l'esprit ne saurait en être la ratification politique. Voilà le sens de la parole de Jésus : « Je vous laisse ma Paix, je vous donne ma Paix, je ne la donne pas comme la donne le monde ».
Le regretté Jean-Claude Cuin écrit : « Ainsi l'apparent bouleversement apporté par l'application du Nomos n'est pas véritablement un changement ; mettant fin au changement, abrogeant le devenir, il semble changer quelque chose, alors qu'il est la stabilité en toutes choses : ainsi le Christ apportant apparemment la guerre donne-t-il la Paix, et laisse-t-il la Paix. Son type rayonne chez tous les souverains guerriers conformes à la justice, rétablissant, ou plutôt remanifestant l'ordre par la guerre sainte.»

Transitoire et purificatrice, la violence chrétienne - et, partant, toute violence s'exerçant au nom de la Tradition - ne s'explique et ne se légitime que par la Paix et la Justice qu'elle est cherche rétablir à long terme, conformément à l'ordre véritable subverti par le « péché originel », de plus en plus occulté au fur et à mesure de la décadence, et appelé à se remanifester au point de contact du cycle finissant et du nouveau.

 

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