Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

le Message et l'Instruction...le Héraut et le Maître

Publié le par Christocentrix

L'Evangile nous donne de distinguer deux aspects essentiels de l'action initiale de Jésus suivant lesquelles Il a choisi, au premier moment, de s'assurer une présence efficace au milieu de son peuple.

Durant ces premiers mois, Jésus diffuse promptement, à travers tout le pays galiléen, un message concis, mais chargé de sens et de portée. C'est une parole de choc. De ce bref message, l'événement évangélique lui-même devait finalement tirer son nom (Mc, 1, 1, 14-15).

Dans la pensée de Jésus, il semble qu'il se soit agi alors avant tout, pour lui, de pratiquer seul une première brèche au centre le plus vif de la conscience de son peuple. C'est à la faveur de cette brèche, par ébranlements successifs, que devait s'introduire ensuite, peu à peu, la plénitude d'une nouvelle et décisive espérance. Noter à ce propos, et pour cette période, les allusions à un « enseignement » habituel dans les synagogues, à l'occasion des assemblées sabbatiques : « Il parcourait toute la Galilée, enseignant (didaskôn) dans leurs synagogues, annonçant (kèrussôn) la bonne nouvelle du royaume... » (Mt., 4,23 ; Mc, 1,39 ; Lc, 4,15). Chemin faisant, Jésus profitait de ces assemblées, semble-t-il, pour déclarer sa « mission », dans le style de ce que Luc nous raconte à propos de l'incident de Nazareth. Le narrateur a dû juger que la circonstance se prêtait bien à faire voir le genre d' « enseignement » pratiqué par Jésus au temps où il était principalement occupé à répandre la « bonne nouvelle » de l'avènement du règne de Dieu à travers la Galilée (Lc, 4,14-15). Après avoir lu Is., 61,1-2, - « L'Esprit du Seigneur est sur moi..., il m'a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres..., proclamer une année de grâce du Seigneur », - Jésus replie le livre, le remet au serviteur, s'assied, et déclare en substance : « Aujourd'hui s'accomplit à vos oreilles ce passage de l'Écriture » (Lc, 4,16-21). Il ne faut pas, comme on le fait d'habitude, confondre ce premier « enseignement » synagogal avec celui que Jésus transmettra plus tard à ses disciples en qualité de maître. Pour le moment, il est encore avant tout le héraut qui se présente à son peuple de la part de Dieu, dans le style des prophètes anciens, et qui déclare l'essentiel de sa « mission » en même temps qu'il commence à l'accomplir.

A un certain moment, que nous pouvons situer avec vraisemblance au terme d'une longue course à travers la Galilée, Jésus prit donc l'importante décision de s'adjoindre des « disciples » (Mc, 1, 16-20 ). A la qualité de « prophète » qui lui était déjà reconnue, se trouvait ainsi ajoutée celle de « maître » (didaskalos; Lc, épistatès, six fois). Or, de la part de Jésus, devenir « maître », cela signifiait, en premier lieu, donner une forme nouvelle à sa parole. Mais cela signifiait aussi, dès le principe, accepter une modification proportionnelle dans le rythme et le style de l'action, sans parler de bien d'autres conséquences qui touchaient au style de vie lui-même.

Maître, héraut : ces deux titres se rapportaient, en effet, à des modèles d'action fort différents l'un de l'autre, si différents qu'on ne pouvait guère songer à les fondre ensemble et à les utiliser en même temps. Les récits de Matthieu, de Marc et de Luc ne suggèrent, d'ailleurs, nulle part une fusion de cette sorte. Ce qu'ils supposent partout, au contraire, c'est une alternance. Après une première percée, qui est celle du « message » initial, Jésus s'arrête, s'entoure de « disciples », adopte le comportement social et les usages littéraires du « maître » et, ainsi, s'adonne à ce qu'on appelait alors l' « instruction ».

 Qu'est-ce à dire ? Dans le milieu palestinien de l'époque, donner une « instruction » à des « disciples », de la part d'un « maître » comme Jésus, ce n'est en aucune façon débiter un « discours », à jet continu, comme pouvaient le faire alors les conférenciers et les orateurs du monde gréco-romain. C'est une erreur totale, de notre part, d'imaginer, par exemple, que les paraboles de Jésus, si caractéristiques de son « instruction », ont été simplement « prononcées », à la manière d'un discours, et que les disciples n'ont eu rien de mieux à faire ensuite que de reconstituer après coup les précieux récits à l'aide des lambeaux de souvenirs qu'un débit courant aurait pu accrocher dans leur mémoire.

 En fait, l'instruction suppose d'abord que le maître en a soigneusement, et par avance, arrêté le sujet, le développement et même souvent la formulation précise par devers lui. Lorsque le moment vient de la transmettre, l'instruction possède donc déjà, en règle générale, une forme définie. Le maître s'assied et s'entoure de ses disciples. Normalement, ceux-ci ne sont d'ailleurs pas très nombreux. De sa nature, l'instruction n'est pas destinée à la grande foule. Assurément, la « foule » peut être là, comme nos récits se plaisent souvent à le souligner, en partie sans doute pour marquer la faveur dont le maître jouit auprès d'elle. Mais, même en présence de la « foule », - dont il ne faut d'ailleurs pas exagérer l'importance numérique : il y a « foule » dans de simples maisons (Mc, 3, 32), - il n'est pas moins clair, dans l'ensemble, que c'est l'attention de ses disciples les plus proches, dans le double sens de l'expression, que le maître recherche en premier lieu. A proprement parler, c'est donc à eux qu'il transmet son « instruction ».

Le maître le fait en répétant ses formules, jusqu'à ce qu'elles se soient logées dans l'esprit des disciples. Lorsque cette première mémorisation est acquise, suit, s'il y a lieu, une période d'explication, par interrogations et réponses (ainsi Mc, 4, 13-20 et par.). Le maître s'assure ainsi que son instruction a été, non seulement retenue, mais comprise. Bref, l'instruction est un véritable « enseignement (didaskein), dans le goût de l'époque et du milieu, et, s'il a été convenablement reçu, cet enseignement conduit à une certaine « intelligence » et à un certain « savoir » (eidénai, ginôskein).

Par tous les traits de sa physionomie, l'instruction pratiquée par Jésus se distingue donc nettement d'un type de discours qui n'aurait visé en premier lieu que la persuasion. En conséquence, pour comprendre que les paraboles, ou les petites instructions rassemblées dans le Sermon sur la montagne, nous soient parvenues dans l'état que nous leur connaissons, il n'est aucunement nécessaire de supposer que les premiers auditeurs de Jésus aient été gratifiés d'une mémoire miraculeuse, ni non plus que la tradition évangélique ait exécuté après coup des prodiges de reconstitution du passé. Il suffit que Jésus ait été un « maître » admirablement doué dans son genre : ce qu'il fut ; et il suffit que ses auditeurs les plus fidèles aient été, en réalité, des « disciples »: ce qu'ils furent également.

Mais quelle différence, alors, quand on compare l'instruction et le message ! Celui-ci touchait des auditeurs de rencontre ; celle-là s'adresse avant tout à des disciples qui suivent le maître partout où il va. Le message prévoyait, de la part de Jésus, des déplacements constants et rapides. L'instruction, au contraire, sans le fixer sur place comme un maître d'école, l'oblige cependant à ralentir, dans une mesure importante, le rythme de son action.

Devenu « maître », et reconnu comme tel, Jésus demeure donc relativement mobile. Pour être son « disciple », il faut être prêt à le « suivre », au sens premier et propre de ce terme. Mais il y a loin de cette mobilité relative à l'itinérance accélérée du « prophète », héraut de la « bonne nouvelle ». En fait, il semble bien, d'ailleurs, qu'après une période d'instruction plus intensive, durant laquelle il prit un soin spécial de ses disciples, et notamment des Douze, Jésus ne laissa pas de revenir, en diverses circonstances, à son activité essentielle des débuts de l'événement évangélique. Selon toutes apparences, ainsi fit-il, en particulier, durant la première « mission » des disciples eux-mêmes (Mt., 11, 1 ; comp. Lc, 8, 1).

Les différences, toutefois, ne doivent pas être exagérées. Car l'instruction, subordonnée au message, lui était en même temps coordonnée, comme on le voit, spécialement, dans les paraboles du royaume. La brèche que le message avait pratiquée d'un coup dans l'espérance du peuple de Galilée, l'instruction devait en quelque sorte l'élargir, lentement, patiemment, pour livrer passage, à la fin, à la plénitude de la « bonne nouvelle ». Bien qu'aucun texte ne nous permette d'en juger sur pièces, telle fut, semble t-il, l'intention de Jésus lorsqu'à la fin de sa première course galiléenne, il s'entoura de « disciples » et donna à sa parole la forme de l' « instruction ». La pensée du « maître » est ici inscrite dans les faits, et leur indication nous suffit.

Introduit à la manière du héraut dans la conscience d'auditeurs de rencontre, le « message » (kèrugma) avait ses limites, que Jésus moins que personne ne pouvait se dissimuler. Dans l'ordre de l'action, le « message » appelait un complément, et, dès lors, ce complément devait être d'un autre style. Ce fut cette « instruction » (didakhè) que les disciples reçurent directement du Maître et c'est aussi ce rapport de Maître à disciple, qui se renouvelle sans cesse pour tous les disciples de tous les temps, qui fera la matière des prochains messages.

 

Voir les commentaires

El Greco

Publié le par Christocentrix

 

 

 

 

Voir les commentaires

Erotokritos

Publié le par Christocentrix

Erotokritos de Vitzentzos Cornaros.
Traduit du grec par Robert Davreu. Edité par librairie José Corti, 2007. (collection Merveilleux n°31).

 

Qu'un peuple, au-delà de tout ce qui, en son sein, est susceptible de le diviser, puisse continuer à se reconnaître et se ressourcer dans l'oeuvre d'un de ses poètes, le phénomène est, on en conviendra, hélas devenu aujourd'hui assez rare. Tel est pourtant le cas d'Érotokritos, chanson de geste crétoise de plus de dix mille vers, écrite au début du XVIIè siècle par Vitzentzos Cornaros, un noble d'ascendance vénitienne, qui choisit la langue et le vers populaires pour chanter l'amour et la vaillance, et transfuser ainsi dans ce que Dante nommait le « vulgaire illustre » l'héritage des humanités revivifié par la Renaissance italienne et française. Devenu, après l'invasion ottomane, pour tous les Crétois, mais aussi, au-delà, pour l'ensemble des Grecs, poème fondateur, au même titre que le furent, dans l'Antiquité, l'Iliade et l'Odyssée, repris dans une tradition orale et musicale, de simples bergers des montagnes de Crète, aussi bien que des compositeurs et des chanteurs contemporains de grand renom, en psalmodient ou en chantent aujourd'hui encore des centaines de vers par coeur. De Solomos à Séféris en passant par Palamas, Érotokritos a exercé une influence considérable sur la poésie et les lettres grecques jusqu'à nos jours. S'il en est ainsi, c'est bien parce que, comme tout chef d'oeuvre, il atteint, dans sa singularité même, à l'universel, dévoilant, comme a pu l'écrire Kostis Palamas, « la passion et tout ce que le coeur humain recèle d'éternel et d'infini » avec un art, une fraîcheur et un souffle incomparables.

 

Comme le dit le poète narrateur :

 

« Écoutez donc, et qui fut du désir un temps le serviteur,

Qu'il vienne prêter l'oreille à tout ce qui est ici consigné,

Prendre exemple et conseil, se pénétrer à fond,

D'un pur amour qui jamais ne déçoive. »

                                         

 extrait de la préface :

 

"Si l'on trouve bien mentionné dans les bons dictionnaires l'Érotokritos comme l'oeuvre la plus accomplie de ce qu'il est convenu d'appeler la Renaissance crétoise et, au-delà, comme un des chefs d'œuvre fondateurs de la littérature grecque moderne, il est permis de s'étonner qu'il ait fallu attendre près de quatre siècles pour qu'elle soit traduite intégralement en français. Ni la filiation dans laquelle s'inscrit à l'évidence Solomos au XIXème siècle, ni les propos de Séféris au siècle dernier, manifestant, chacun à sa manière, en quelle haute estime ils tenaient ce poème de plus de dix-mille vers et ce qu'ils lui devaient, s'agissant de leur vocation et de leurs engagements de poètes n'y ont apparemment fait. Nous ne disposions jusqu'à présent dans notre langue que de traductions très fragmentaires, peu accessibles en librairie, ainsi que de travaux universitaires qui, pour remarquables qu'ils puissent être, s'adressaient à un petit nombre d'étudiants et de chercheurs spécialisés. Pourtant si l'Érotokritos est certes une oeuvre savante, c'est non moins une oeuvre populaire, connue de tous en Crète, lettrés ou non, dont de simples bergers peuvent psalmodier ou chanter des centaines, voire des milliers, de vers par coeur. Pour beaucoup ce fut le livre où ils apprirent à lire, quand toutefois ils apprirent, ce qui n'a pas toujours été le cas de tous, et la plupart, quoi qu'il en soit, l'ont reçu avant tout par transmission orale de leurs parents, qui le tenaient eux-même de leurs parents. Encore fut-ce sous forme de copies manuscrites que le poème a d'abord circulé avant d'être imprimé pour la première fois à Venise en 1713, soit un peu plus ou un peu moins d'un siècle après sa composition. Poème de plus de dix-mille vers, écrit peu de temps avant que la Crète, sous administration vénitienne depuis le tout début du XIIIème siècle, finisse par tomber entièrement sous la domination ottomane en 1669, il a donc été repris dans une tradition orale, non seulement en Crète, mais aussi dans les îles ioniennes et à Chypre où de nombreux Crétois se sont exilés, et ce jusqu'à nos jours, phénomène assez rare, voire unique à ce degré et sous cette forme dans le monde occidental moderne, pour que nul visiteur un tant soit peu attentif au présent, au-delà de la splendeur des ruines de l'Antiquité et des paysages, ne puisse s'en apercevoir et s'en émerveiller. Quelque chose a résisté, résiste encore à toutes les formes de la destruction, d'aucuns diraient du nihilisme propre à la modernité, dont la moindre n'est pas, nonobstant sa douceur, celle dont ce qu'on appelle la communication menace cela même qui la rend possible, le poème, la parole comme chant à la fois singulier et universel, dans laquelle un peuple, en-deçà comme au-delà de tout ce qui est susceptible de le diviser, se reconnaît comme tel. Oui, l'Érotokritos, s'il est bien, comme l'indique assez le nom du héros qui lui sert de titre, un poème qui parle de l'amour, est, non moins, un poème politique, au sens où une communauté humaine se reconnaît en lui, dans sa langue, dans son rythme, dans son chant, et résiste ainsi à son anéantissement ou à son atomisation, là où les masses modernes, confrontées à une abstraction sans cesse croissante, sont tentées de succomber au communautarisme affiché des idéologies totalitaires et des langues de bois qui les caractérisent. La nostalgie du pays natal, le patriotisme même qui, par moments, s'y expriment de façon paradoxale, et que la postérité, en tout cas, a pu y lire et y entendre chaque fois qu'il s'est agi de résister à l'occupant, ne s'y mue jamais en nationalisme agressif et en haine de l'étranger. Ceux qui ont si souvent été contraints à l'exil ne savent au contraire que trop bien la valeur de l'hospitalité pour ne pas la pratiquer en retour. On remarquera, qui plus est, que la patrie dont il s'agit dans le poème est Athènes, une Athènes imaginaire bien sûr, atopique et plus fondamentalement achronique ou hyperchronique, comme le dit Stylianos Alexiou, qu'anachronique, mais qui, comme telle, est le lieu originaire de ces synonymes que sont le savoir (la sophia) et le logos, même si l'on devine que cette Athènes-là est elle-même fille de la Crète. Pour chargé de mythes que soit le mont Ida, évoqué dans le Chant II du poème à propos d'un chevalier crétois qui y tua par inadvertance celle qu'il aimait, ce lieu où la légende rapporte que Zeus fut nourri par la chèvre Amalthée scelle un lien immémorial avec la Grèce qui, du temps où Vitzentzos Cornaros écrit le poème, mettra quelques deux siècles et demi à se réaliser politiquement, en 1913, au terme d'un long combat. On comprend mieux dès lors que l'Érotokritos se soit aux yeux de tous les Grecs, au-delà des seuls Crétois, chargé d'une puissante valeur affective, symbole de résistance et de lutte farouche pour l'indépendance et l'identité, mais toujours accueillante à l'autre, d'un peuple en archipel, dont l'unité fondamentale est celle, diversifiée, de la langue et de la culture, bien plus que celle du territoire et de la nation.

Mais si la postérité a pu se reconnaître ainsi dans l'oeuvre de Cornaros, c'est parce qu'il a composé, à partir d'éléments de différentes périodes historiques, un monde poétique et mythique intemporel, monde idéal de l'Orient grec, à l'instar de l'Arioste pour l'Occident.

 

Il y avait, pour toutes les raisons que je viens d'énoncer, urgence à traduire en notre langue cette chanson de geste ou ce roman de chevalerie, comme on voudra dire, d'une miraculeuse fraîcheur et d'une permanente actualité dans sa très savante naïveté...

...Ce poème appartient à ce petit nombre d'oeuvres dont la portée universelle fait qu'elles transcendent le temps qui les vit naître, et qu'elles appellent la traduction qui, pour profanatrice qu'elle soit par essence, en perpétue la mémoire et le message, au-delà du cercle nécessairement restreint d'une langue, d'une culture et d'un territoire. Et ce message, parce qu'il est intemporel, a besoin d'être sans cesse réitéré : l'Éros, dans son opposition à l'ordre établi, est ce qui empêche cet ordre de se scléroser et de péricliter, il est cette force qui renouvelle et refonde sans cesse un ordre du monde qui, sans lui, serait voué à une mort certaine. Les désordres qu'il crée dans les coeurs et dans les corps, les rébellions qu'il fomente contre la loi des pères, les hiérarchies et les conventions sociales, la crise en un mot dont il est le fauteur sur le plan individuel comme sur le plan collectif, s'ils apparaissent comme négation, sont en fait principe de vie et de perpétuation d'un monde humain sur terre, principe hors la loi au fondement de toute loi et de toute véritable légitimité. Et ce message n'est pas idéaliste au sens que l'on prête trop souvent à ce terme. Hormis Éros, muni de son arc - et l'on se rappellera qu'en grec le mot Bios qui signifie vie désigne aussi l'arc -, le poème élude dès le départ toute référence à la religion, fût-ce à celle, polythéiste, de la Grèce antique. Ce qu'invoquent les personnages, c'est toujours la nature, la physis, les éléments ou les astres, ou encore cela qui, dans la mythologie antique, était au-dessus des dieux, à savoir la nécessité, la Moira, ou la Parque. Les mythes n'y sont évoqués qu'en petit nombre, et toujours en filigrane, dans un effacement de la source où l'auteur les a puisés, notamment Les Métamorphoses d'Ovide. Quant à Dieu, qu'on suppose être celui du christianisme, s'il est nommé une fois, c'est au terme de cet épilogue d'une étonnante modernité où le poète se nomme lui-même, revendique son oeuvre contre les critiques dont il sait qu'elle est exposée à faire l'objet, et nous livre ce modèle de vie brève sur lequel se conclut son oeuvre. Ce rejet de l'élément religieux est tout à fait délibéré. Au-delà de l'effet proprement littéraire recherché et de l'expression de la sensualité à laquelle il permet de laisser place, il reflète une nouvelle conception philosophique du monde et une tendance à une explication scientifique des phénomènes, même si la science en question est encore celle issue de la théorie aristotélicienne des quatre éléments et des quatre humeurs. Idéalisme, matérialisme sont en fait des termes impropres à rendre compte d'une pensée poétique réfractaire par essence à tout dualisme, si elle n'ignore certes pas le polémos et l'oxymore, héritière, qu'elle le sache ou non, des penseurs présocratiques, bien plus fondamentalement que du platonisme ou du néo-platonisme dont est imprégnée pourtant toute la poésie de la Renaissance, y compris, bien sûr, l'Érotokritos. Et par là, dans ce rapport maintenu, aussi médiat et insu qu'il puisse être à un monde de l'art et la présence qui a précédé celui de la philosophie et de la représentation, Cornaros devance aussi bien son temps, préfigurant ce qu'il est convenu d'appeler le romantisme, non seulement dans le choix d'un langage parlé par tous mais dans la mise en abyme critique, à l'intérieur même du poème, d'une poésie lyrique qu'il illustre néanmoins superbement et dont il défend, toujours avec humour et lucidité, le message qu'elle véhicule pour tous les mortels que nous sommes: un lyrisme, sans illusion lyrique, qui en appelle à un monde dont les poètes qui chantent l'amour continueraient d'être les législateurs reconnus, gardiens de ce qui demeure, contre le désenchantement du monde. Depuis Schiller, depuis Shelley et Keats, depuis Hölderlin, nous savons que c'est là, plus que jamais, un combat."

                                                                                                                     (extrait de la préface)

 

 

troubadours crétois (les frêres Spyridakis) chantent l'Erotokritos...
***

Voir les commentaires

virtuoses

Publié le par Christocentrix

 

 

***

 

***

 

 

 

Voir les commentaires

Georges Thémélis

Publié le par Christocentrix

Georges Thélémis est né sur l'île de Samos en 1900. Après des études de Lettres à Athènes, il devient professeur en 1930.

Ses débuts poétiques sont marqués par le symbolisme et le surréalisme comme l'attestent ses deux premiers recueils "Fenêtre nue" (1945) et ""Oiseaux" (1947).

A partir de 1947, il essaye de réaliser une sorte de synthèse entre la poésie moderne et l'ancienne  tradition grecque : "le Retour" (1948) et "Ode pour se souvenir" (1949) sont de cette veine.

En 1950, il écrit "Suite", puis en 1953 "Causeries". En 1955, dans le "Jardin des Arbres", le poète est au sommet de sa force créatrice, dévoile une expérience profonde qui le situe parmi les plus grands créateurs de l'époque.

En 1959, parait "le Visage et l'Image", en 1961 "Clair-Obscure" et "Mona joue". "Le Filet des Ames" paraitra en 1964 et "Issue" en 1968.

G. Thélémis est aussi l'auteur d'essais : "La poésie grecque moderne" (1963), "le Jugement Dernier" (1964) et "la Poésie de Cavafis" (1970).

 Son oeuvre est hautement estimée en Grèce et dans le monde. Elle a fait l'objet de vastes études. Toute une génération littéraire grecque se nourrit et s'abreuve au jaillissement de son verbe. Il est considéré comme une figure dominante du lyrisme néo-hellénique. Unité quasi-mystique entre le contenu et la forme, inquiétude métaphysique et spiritualisme inspiré marquent son oeuvre.

Une traduction :  "Choix de poèmes de Georges Thélémis" est paru en 1972 aux éditions Caractères.

 

Voici un choix (personnel) parmi ses poèmes : 

 

 

 

BATTANTS DE PORTE

 

Nous sommes différents, tellement différents

Dans le rapprochement, comme

Des battants de porte, qui tendent l'un vers l'autre,

S'unissent, s'embrassent mutuellement, se ferment,

Se partagent le sommeil, le baiser en deux,

Séparant leurs os,

Dans un grincement déchirant, dans le silence.

 

Nous sommes tellement divers dans le rapprochement:

Deux tâches noires unies dans la lumière.

Deux points, deux battants, deux corps.

 

(Au-dehors dans les couloirs hurle la solitude.)

 

 

 

MOURIR ENSEMBLE

 

Ici dans ce lit

Creusé par l'amour

Pour qu'il puisse contenir le corps de l'amour

Qu'il soit comme un lit et comme une tombe.

 

Ici je te ferai mourir, tu me feras mourir

Dans un profond baiser mortel

 

Ils viendront forcer la porte et nous trouver

Ils ne pourront pas relever les corps

Ils ne pourront pas ouvrir nos visages.

 

 

HYMENES

 

Dense, inévitable, parfaite destinée de l'amour

Et de la mort : conquête au début et puis abandon

Montée au début, descente après

Chute du corps et tristesse de l'âme,

Lorsque la solitude s'ouvre et qu'elle avale

Des os humiliés, entassés,

 

L'amour vient et se joue de nous,

Comme un dieu ou un démon.

Il nous déshabille sans honte et sans peur,

Il nous laisse nus pour que nous ayons froid

A jeun pour que nous ayons faim,

Comme au jugement dernier.

 

Nous avons faim de sa faim, froid de sa nudité.

 

L'amour arrive et nous transforme.

 

Ombre dans l'ombre

Silence dans un autre silence.

 

Nos lèvres sentent le printemps

Une odeur de terre, nos poitrines la pomme mûre.

 

L'amour émerge des jardins des morts.

 

Nos membres tremblent comme nos entrailles

Ils ont une fièvre d'incendie.

Celle des vols effrayés, des animaux qui courent,

Et la palpitation d'une mer agitée

Des vagues de fond remodelées

Et la nage nocturne du poisson dans les abîmes.

 

Les cheveux resplendissent sur les oreillers,

Les mains brillent dans l'ivresse de l'amour,

Des doigts palpent aveuglement la chair.

 

L'amour s'élève jusqu'au niveau des âmes

De poitrine en poitrine, comme sur une échelle

Les âmes ne peuvent point parler,

Elles n'ont pas de langage, mais du silence,

Étonnement secret et tristesse,

Souvenir et terreur du vide.

 

Elles ne peuvent que refléter,

Mouvoir les doigts,

Entr'ouvrir les yeux et les lèvres.

Se contempler l'une l'autre, comme dans un miroir.

 

 

COMPARAISONS

 

Comme dans le sommeil, quand tu passes

A l'autre éclat de la nuit.

 

Le corps, le vêtement, le fruit.

 

Comme dans le sommeil, comme en amour,

Quand tu t'abandonnes totalement.

Tu restes sans corps, nu.

 

Le jour, la nuit, le temps,

Une histoire imaginaire.

 

Comme si les murs s'ouvraient en dedans,

comme s'ils faisaient choir

Les miroirs trompeurs qui nous couvrent,

Nous passons à travers un rêve,

Un rêve incessant atteint par la nuit.

 

Sans cloche et sans réveil.

 

Comme si nous passions dans le cercle des Incorporels

Dans un isolement parfaitement clos.

 

Comme une lampe qu'on a oubliée

Dans une chambre vide et fermée,

Seule, toute seule dans la solitude.

 

Qui nous connaîtra, qui nous soupçonnera ?

 

D'autres yeux, d'autres secrets

Derrière ces murs

Derrière les gardiens.

D'autres ombres déambuleront dans les chambres

Frôlant les choses, nos choses

Plus fragiles et rendues plus denses par notre amour.

 

Habitués, obéissants, et à peine délaissés

Ils recherchent des mains serrées comme nos mains,

 

Ils recherchent nos yeux messagers.

 

Ainsi que des fruits, qui ont mûri

Et restent encore suspendus au soleil,

Attendant l'oiseau, la main et la faucille,

Ici, se tiendra l'arbre de la cour,

Seul, stérile, désespéré.

Sans ailes et sans pollen

Dans un calme terrible.

Ici se penchera la fenêtre dans le vide,

Comptant le vent : doit-il tomber, ne pas tomber,

Notre toit toujours frais, comme au printemps ?

 

Au-dessus de lui un ciel désertique.

 

Jusqu'à ce que vienne Avril en son lent avenir

Avec tout l'éclat et la gloire,

jusqu'à ce que vienne Pâque la Grande

 

Avec les nouvelles jacinthes, avec les ressuscités,

Pour que je te pare de la pourpre royale dans ta grande fête,

Bijou de grand prix :

Afin que tu sois beau parmi les beaux.

 

 

 

RÉSONANCE

 

Je suis moi, dans mon coeur clos.

 

Si tu prends la main, tu tiens l'âme

Contact d'oiseau emprisonné ou frétillement de poisson.

 

Si tu coupes un peu de chair, tu coupes une parcelle d'âme,

Si tu craches sur le visage, tu craches sur l'esprit.

 

Chaque gifle, chaque baiser passe

A travers plusieurs couches, comme un son qui résonne.

Le Seigneur le reçoit au-dedans, il en garde l'empreinte

Dans sa chair mystique, il le cache dans son sang.

 

 

Quand les corps seront jugés.

 

Tu t'es présenté, tu es apparu dans la lumière comme une icône.

 

Tu as vu beaucoup de soleils

Et tu ne les as pas comptés.

 

Le crépuscule et l'aube.

 

Tu as ouverts les yeux,

De grands yeux étonnés.

 

Tu as fait pousser des mains à la racine des ailes.

 

Tu as touché des fruits divers,

Beaucoup de pommes, des lys et des roses.

 

Tu portes la trace des clous.

 

Tu as marché sur la terre, tu as retenti

Dans le vide, dans le désert du temps,

Tu as émis un son, puis fait beaucoup de bruit.

 

Le soleil t'a vu, le vent t'a écouté et te fait vibrer.

 

Qui se portera témoin de ton sang,

Le sang qui a coulé et a teint

Le sommeil, les choses, la lumière.

 

Quand les corps seront jugés,

Ta poudre vaine sera pesée,

Ta pauvreté, ta nudité.

 

Ta tristesse est infinie et elle aura du poids.

 

        

                                                                     Georges THELEMIS

 

 

Voir les commentaires

mais que cherchent-elles nos âmes ?.....(Georges Séféris)

Publié le par Christocentrix


Mais que cherchent-elles, nos âmes, à voyager ainsi
Sur des ponts de bateaux délabrés,
Entassées parmi des femmes blêmes et des enfants qui pleurent,
Que ne peuvent distraire ni les poissons volants
Ni les étoiles que les mâts désignent de leur pointe;
Usées par les disques des phonographes,
Liées sans le vouloir à d'inopérants pèlerinages,
Murmurant en langues étrangères des miettes de pensées ?
Mais que cherchent-elles nos âmes à voyager ainsi
De port en port
Sur des coques pourries ?
Déplaçant des pierres éclatées,
Respirant la fraîcheur des pins plus péniblement chaque jour,
Nageant tantôt dans les eaux d'une mer
Et tantôt dans celles d'une autre mer,
Sans contact,
Sans hommes,
Dans un pays qui n'est plus le nôtre
Ni le vôtre non plus.
Nous le savions qu'elles étaient belles, les îles
Quelque part près du lieu où nous allons à l'aveuglette,
Un peu plus bas, un peu plus haut,
A une distance infime.
                                                                                            
                                                                           GEORGES SÉFÉRIS (poète grec)

    
  

 

 

      

 

Voir les commentaires

Constantin Cavafis

Publié le par Christocentrix

Des poèmes de Cavafis ont déjà été affichés sur ce blog dans divers articles mais ils ont été maintenant regroupés ici et présentés à nouveau :

 

 

chose bien râre


...Il se demande qu'elle peut être sa part, encore, de jeunesse.

Aujourd'hui, des jeunes gens récitent ses vers.

Dans leurs yeux ardents passent ses visions.

Leur cerveau sain, voluptueux, leur chair harmonieuse et ferme,

c'est son idée du beau qui les fait tressaillir.

 

                                                                                

                                                                              ***

 

Thermopyles

 

 

Honneur à ceux qui, dans leur vie,

se sont donné pour tâche la garde des Thermopyles.

Jamais ne s'écartant du devoir; intègres et justes dans tous leurs actes,

mais avec indulgence et pitié; généreux s'ils sont riches

et s'il leur arrive d'être pauvres, généreux dans leur modestie,

et secourables autant qu'ils le peuvent ;

se faisant fort de parler vrai, mais sans haine pour ceux qui ont failli.

Et plus d'honneur encore leur soit rendu lorsqu'ils prévoient

(et nombreux sont ceux qui prévoient)

qu'Ephialtès pour finir va se manifester,

et que les Mèdes, un jour finiront par passer.


 

 

 

 

 

 

                                                                            





                                                                       ***

 


En attendant les Barbares...

 

-Pourquoi nous être ainsi rassemblés sur la place ?

Il paraît que les barbares doivent arriver aujourd'hui.

-Et pourquoi le Sénat ne fait-il donc rien ?
Qu'attendent les Sénateurs pour édicter des lois ?

C'est que les barbares doivent arriver aujourd'hui.
Quelles lois pourraient bien faire les Sénateurs ?
Les barbares, quand ils seront là, dicteront les lois.

-Pourquoi notre empereur s'est-il si tôt levé,
et s'est-il installé, aux portes de la ville,
sur son trône en grande pompe, et ceint de sa couronne ?

C'est que les barbares doivent arriver aujourd'hui.
Et l'empereur attend leur chef pour le recevoir.
Il a même préparé un parchemin à lui remettre,
où il le gratifie de maints titres et appellations.

-Pourquoi nos deux consuls et les préteurs arborent-ils
aujourd'hui les chamarrures de leurs toges pourpres ;
pourquoi ont-ils mis des bracelets tout incrustés d'améthystes
et des bagues aux superbes émeraudes taillées;
pourquoi prendre aujourd'hui leurs cannes de cérémonie
aux magnifiques ciselures d'or et d'argent ?

C'est que les barbares doivent arriver aujourd'hui;
et de pareilles choses éblouissent les barbares.

-Et pourquoi nos dignes rhéteurs ne viennent-ils pas comme d'habitude ,
faire des commentaires, donner leur point de vue ?

C'est que les barbares doivent arriver aujourd'hui;
et ils n'ont aucun goût pour les belles phrases et les discours.

-D'où vient tout à coup, cette inquiétude
et cette confusion (les visages, comme ils sont devenus graves !)
Pourquoi les rues, les places, se vident-elles si vite
et tous rentrent-ils chez eux, l'air soucieux ?

C'est que la nuit tombe et que les barbares ne sont pas arrivés.
Certains même, de retour des frontières, assurent qu'il n'y a plus de barbares.

Et maintenant, qu'allons-nous devenir, sans barbares.
Ces gens-là, en un sens, apportaient une solution.

 

                                                                                

                                                                             ***

                                   

 

 

Devant la maison....

 

Hier, en marchant dans un faubourg éloigné,
je suis passé devant la maison
que je fréquentais quand j'étais très jeune.
C'est là qu'Eros s'était emparé de mon corps
avec sa délicieuse vigueur.

Et hier, quand j'ai emprunté cette vieille rue,
aussitôt les trottoirs, les magasins, les pierres,
se sont retrouvés embellis par l'enchantement de l'amour,
jusqu'aux murs, balcons et fenêtres ;
il n'y avait plus rien de sordide.

Et comme je restais là, en train de regarder la porte,
comme je restais à m'attarder devant la maison,
mon être tout entier libérait en retour
l'émotion d'un plaisir qui s'était conservé  intact.


                                         

 

 

 

 

 

Je me suis allongé sur leurs couches...

 

 

Quand je suis entré dans la maison du plaisir,

je ne suis pas resté dans la salle où l'on célèbre

suivant un certain rite les amours reconnues.

J'ai préféré les alcôves secrètes

et je me suis accoudé, je me suis allongé sur leurs couches.

J'ai préféré rejoindre les alcôves secrètes

celles dont on a honte de prononcer le nom.

Mais ce n'est pas une honte pour moi - car alors

quel poète et quel artiste aurais-je été ?

Mieux eût valu être un ascète. Ce qui aurait été plus en accord,

beaucoup plus en accord avec ma poésie,

que de me contenter de la salle ordinaire.

 

 

 

        ***

 

Je suis parti....

 

Je n'ai pas voulu m'attacher.

J'ai tout donné de moi, puis je suis parti.

Vers des jouissances qui se sont avérées à demi réelles,

en même temps que les folles chimères de mon cerveau,

je suis parti dans la nuit illuminée.

Et j'ai bu des vins âpres,

comme savent en boire les hommes de plaisir.




                                                                                     ***
                                                      

 

addition


Si je suis heureux ou malheureux, je ne me pose pas la question.

La seule chose à laquelle je pense toujours avec joie :
c'est que dans la grande addition (leur addition que je déteste)
avec tous ses chiffres, je ne figure pas, moi, comme une unité parmi les autres. 
Dans ce total, je n'ai pas été compté. Et cette joie là me suffit.

                                                                        

 

                                                                ***

  

 

Les désirs....beaux comme.... 

 

Beaux comme des morts qui n’ont point vieilli,

enfermés au milieu des larmes dans un mausolée splendide,

le front ceint de roses et jasmins aux pieds,

tels sont les désirs qui nous ont quittés sans s’être accomplis ;

sans qu’aucun n’atteigne à une nuit de volupté ou à son lumineux matin.

                                                         

                                                                                              

                                                                          Constantin Cavafis 

         

           (traduits du grec et présenté par Dominique Grandmont, nrf-poésie/Gallimard, 1999)  

 

 

  

Concernant ce dernier poème, il existe aussi ces traductions :

 

Les désirs qui passèrent sans être accomplis,

sans avoir obtenu une des nuits du plaisir ou un de ses lumineux matins,

ressemblent à de beaux cadavres qui n'ont pas connu la vieillesse

et qu'on a déposés en pleurant dans un magnifique mausolée,

avec au front des roses et aux pieds des jasmins.

 

                                      (par Marguerite Yourcenar et Constantin Dimaras, Gallimard, 1958)

 

 

 

Ils sont comme de beaux corps que l'âge n'auraient pas atteints

et qu'on dépose avec des larmes dans un magnifique sépulcre

des roses à la tête et, aux pieds du jasmin-

ils ressemblent à de tels corps les désirs qui se sont éteints

sans se rassasier, sans avoir eu ne fût-ce

qu'une seule nuit de plaisir ou qu'un radieux matin..

 

                                                                          

                                                   (par Gilles Ortlieb et Pierre Leyris, Seghers,1978)

 

 

                                          

                                         

 

Voir les commentaires

légendes Géorgiennes

Publié le par Christocentrix



Voir les commentaires

Ithikon Akmeotaton - Stelios Kazantzidis

Publié le par Christocentrix

Voir les commentaires

Pontiques

Publié le par Christocentrix

 

Voir les commentaires