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sur l'amour des ennemis

Publié le par Christocentrix

par Nicolas Vélimirovitch


Bénis mes ennemis, Seigneur ;
ainsi que moi-même je les bénis et ne les maudis pas.
Mes ennemis m’ont poussé vers toi plus que mes amis.
Car mes amis m’ont attaché à la terre,
alors que les ennemis m’ont libéré de la terre
et ils ont détruit toutes mes ambitions mondaines.
Mes ennemis ont fait de moi un étranger en ce monde
et un habitant superflu de la terre.
Ainsi qu’une proie trouve un abri plus profond que l’animal non traqué,
ainsi moi-même j’ai trouvé l’abri le plus sûr, étant réfugié sous ton Tabernacle,
là où ni amis ni ennemis ne peuvent tuer mon âme.


Bénis mes ennemis, Seigneur,
ainsi que moi-même je bénis mes ennemis et je ne les maudis pas.
Eux, plus que moi-même, ont confessé mes péchés au monde ;
ils m’ont puni, lorsque j’hésitais à me punir moi-même ;
ils m’ont tourmenté, lorsque je cherchais à fuir les souffrances ;
ils m’ont critiqué, lorsque je me flattais ;
ils m’ont craché à la figure, lorsque j’étais arrogant.

Bénis mes ennemis, Seigneur,
ainsi que moi-même je bénis mes ennemis et je ne les maudis pas.
Quand je me croyais sage, ils m’ont appelé stupide ;
quand je me croyais puissant, ils se sont moqués de moi ;
quand je prétendais diriger les gens, ils m’ont relégué à l’arrière-plan ;
quand je m’empressais de m’enrichir, ils m’en ont empêché de main forte ;
quand je souhaitais dormir paisiblement, ils m’ont réveillé de mon sommeil ;
quand je voulais me construire une maison pour une vie longue et tranquille,
ils l’ont démolie et m’en ont chassé.
Mes ennemis m’ont véritablement détaché de la terre
et ils ont tendu mes mains vers la frange de ton vêtement.


Bénis mes ennemis, Seigneur,
ainsi que moi-même je bénis mes ennemis et je ne les maudis pas.
Bénis-les et multiplie-les ;
multiplie-les et rends-les encore plus acharnés contre moi,
afin que ma fuite vers toi soit sans regard en arrière,
afin que toute ma confiance dans les hommes soit dispersée
comme fil d’araignée dans le vent ;
afin que la paix totale commence à régner sans partage en mon âme ;
afin qu’en mon cœur meurent mes fautes jumelles, l’arrogance et la colère ;
afin que je puisse amasser tout mon trésor dans le ciel ;
afin que je puisse être libéré de mon aveuglement,
qui m’a tant enlacé dans un effrayant tissu d’illusions.
Mes ennemis m’ont appris à connaître ce que peu savent :
nous n’avons d’autres ennemis que nous-mêmes.
Il haït ses ennemis, celui seul qui n’a pas reconnu
qu’ils ne sont pas des ennemis, mais des amis impitoyables.
Il m’est difficile à dire qui m’a fait le plus de bien ou de mal :
mes amis ou mes ennemis.


Ainsi, Seigneur, bénis et mes amis et mes ennemis.
L’esclave maudit les ennemis, car il ne comprend pas.
Mais le fils les bénit, car il comprend.
Car le fils sait que ses ennemis ne peuvent atteindre à sa vie ;
ainsi il marche libre au milieux d’eux et il prie Dieu pour eux.


    
 

Commenter cet article
C
je t'ai laissé m'entrainer...mais là le sujet ce n'est pas vraiment l'Etat, c'est ce fameux thème de "l'amour des ennemis" qui est ici exposé sur un plan spirituel et pas simplement dans des circonstances politico-historiques. Même si les choses peuvent être mises en rapport.<br /> Je trouve cet auteur très fort...en plus il doit sans doute se perdre quelque chose dans la traduction...et lorsqu'on connait la vie de l'auteur, celà prend aussi une autre dimension.
C
de l'état laïque ? de l'Etat totalitaire ? de l'Etat anti-chrétien ? de quelle loi de l'Etat s'agit-il et de quel Etat ? selon le cas, il me parait préférable non seulement de rester dans le camp de Dieu plutôt que celui de l'Etat, L'Etat c'est toujours passager. C'est pour moi la dernière chose à idolâtrer...(je n'ai pas toujours pensé ou dit çà...notamment dans ma jeunesse....c'était avant de comprendre qu'on ne remplace pas Dieu par quelques majuscules...) Et l'Etat c'est justement ce qui peut être donné et sacrifié à la place de quelque chose de plus important, donc de préférer l'anéantissement de l'Etat pour sauver quelque chose de plus grand. <br /> L'Etat aussi est un planche savonée. Il y a tout a fait des idéologies idolâtriques de l'Etat, qui en général finissent dans le totalitarisme et l'anéantissement de l'humain et de tout ce qu'il est sensé protégé, la négation des lois divines comme des lois disons "naturelles". Alors l'Etat et ses lois... oui mais... l'Etat (et ses lois) à sa place. Quant à l'Etat "sans Dieu", non seulement je ne me sens pas tenu d'y obéir mais fondé à le combattre le cas échéant s'il vient m'emmerder. Royaume de l'Esprit ou royaume de César. Mais la vie actuelle nous amène rarement à ces choix radicaux. Ce qui n'empêche pas que la vie nous dispense de quelques fois donner des signes, voire des preuves...ou d'identifier les uns comme des "amis" et d'autres comme "ennemis", y compris à titre de ressortissant d'un Etat.
I
Beau et fou. Beauté de la folie. je l'accorde. Que les fous cependant gardent leur folie pour eux-mêmes et n'en fassent pas la loi de l'Etat !
C
et pourtant l'auteur n'a cessé de tenir tête à ses multiples "ennemis"...dur comme l'acier et ferme comme le roc...beaucoup d'ennemis...beaucoup de tribulations...mais sans concessions.