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grandeur de Byzance

Publié le par Christocentrix

Quelques fois utilisé pour qualifier un certain éclat, dans le langage commun des Français, l'adjectif « byzantin » est toujours lesté d'une valeur péjorative; c'est que l'histoire de Byzance, représentée pourtant chez nous par d'illustres - mais rares - spécialistes, n'a jamais été véritablement intégrée à la culture française (à la différence de l'Europe orientale qui s'est toujours reconnue comme héritière et fille de Byzance) - ni même d'ailleurs dans l'ensemble de la culture occidentale, témoin ce jugement sommaire, d'un ridicule achevé, qu'osa porter le grand Hegel : « Suite millénaire de crimes, faiblesses, bassesses, manque de caractère, le tableau le plus affreux et par suite le moins intéressant ».

Fondée en 324, dédiée le 11 mai 330, Constantinople ne devait tomber, sous les coups de Mehmet II, que le 29 mai 1453...

"Mille ans et plus de survie, voilà qui ne s'accorde guère avec l'idée d'une décadence en quelque sorte indéfiniment prolongée!" dira l'historien français Henri-Irénée Marrou.

La continuité est si parfaite qu'il est difficile, sinon même tout à fait artificiel, de situer la limite entre antiquité tardive et moyen âge byzantin. Les spécialistes de celui-ci font conventionnellement partir leurs études de la fondation de la « nouvelle Rome », mais l'empire de Constantin - ce pur Latin - s'étend encore jusqu'à la Grande-Bretagne et l'Afrique du nord. "Sa politique favorable au christianisme ne suffit pas à ouvrir un hiatus entre la civilisation de son temps et celle des tétrarques païens, ses prédécesseurs. Nous ne changeons pas davantage de milieu culturel lorsque, après la mort de Théodose en 395, les deux moitiés de l'Empire connaissent un destin séparé. Si, comme on le fait généralement, l'histoire de la civilisation byzantine est divisée en trois grandes périodes, la première - qu'on prolonge volontiers jusqu'au temps de l'empereur Héraclius (610-641) - doit être considérée comme appartenant encore proprement à l'antiquité tardive.

Et là, comment parler de décadence! Quelle grandeur manifeste cette romanité orientale! Ainsi dans l'art : prenons comme symbole Sainte-Sophie, la grande église consacrée à la Sagesse divine, Haghia Sophia, reconstruite sur un plan original, et avec quelle majesté, par Justinien, pour effacer le souvenir de la « sédition Nika » (532) où le trône se serait écroulé sans l'énergie de Théodora. Après tout, il n'y a pas tant de monuments qu'on puisse, comme celui-là, situer au même niveau de perfection que le Parthénon ou Notre-Dame de Chartres."(H.I Marrou)
Église chrétienne, donc conçue comme la salle où se rassemble le peuple des croyants pour une liturgie unanime, ce qui compte pour elle, c'est l'intérieur, non la vision qu'on peut avoir d'elle du dehors. copie-de-sainte-sophie.jpg 

Mais quelle splendeur dans cette salle immense dont la coupole semble, a-t-on pu écrire, échapper aux lois de la pesanteur. Et cette incomparable réussite est bien le fruit d'un effort de création originale, dont on peut suivre le développement depuis un siècle sur les deux rives de la mer Égée, Grèce et Thessalie ou Asie mineure. Qu'on soit en pleine période d'innovations c'est bien ce que montre, après l'accident survenu à la coupole de Sainte-Sophie, sa reconstruction avec 7 mètres de plus d'élévation... et qui défie encore les siècles.

coupole-sainte-sophie.jpg

Continuant la tradition des basiliques romaines, l'art de la mosaïque monumentale illustrera d'oeuvres maitresses l'intérieur des grandes églises mais c'est bien dans cette romanité orientale que fleurira de manière absolument originale l'art de l'icône, attesté dès le IVème siècle.

Et puis ce symbole : le 12 juillet 400, la population de Constantinople ameutée chassa les auxiliaires goths de Gaïnas, qui eux, n'auraient pas mieux demandé que de jouer auprès de l'Empereur d'Orient le rôle de "protecteurs" que d'autres Germains remplirent aux côtés des derniers empereurs d'Occident....

 

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C
<br /> <br /> quelques références : "Décadence romaine ou antiquité tardive ?", Henri-Irénée Marrou, 1977, éditions Seuil, points histoire H29.<br /> <br /> <br /> "l'Antiquité tardive", Bernard Lançon, PUF 1997, collect."que sais-je?" n° 1455.<br /> <br /> <br /> <br />