Foi orthodoxe contre pagano-christologie
L'Église Orthodoxe, jadis la seule Église (indivise) du Christ dans le monde, dès l'origine confessa la foi en
l'Evangile, sans dévier à gauche ou à droite, et sans davantage se fier ni aux autres religions, ni aux philosophies païennes, ni aux sciences naturelles. Car lorsque l'on suit un guide qui voit
et qui est clairvoyant, il est inutile de demander son chemin aux mal-voyants et aux aveugles.
Ayant une foi totale en Christ et en Sa Bonne Nouvelle, les maîtres et les Pères de l'Église rejetèrent vigoureusement les philosophies hellènes et les mystères de l'orient méditérrannéen. Ce fut
aussi le cas de ceux qui avaient été formées à la philosophie à Athènes, comme Chrysostome, Basile le Grand et Grégoire le Théologien, ainsi que de ceux qui étaient originaires d'Égypte ou
d'Orient, comme saint Antoine, Macaire, Isaac le Syrien, Éphrem le Syrien et d'autres. Ce sont justement ces saints Pères versés dans les mystères de la foi, les plus versés aussi dans les
philosophies païennes, les connaissant de première main et dans leur langue maternelle, qui étaient les plus farouches défenseurs de la seule foi salvatrice, la foi en l'Évangile, la foi en la
Bonne Nouvelle du Fils de l'homme descendu du ciel. Ils ne toléraient pas le moindre compromis avec qui que ce soit et quoi que ce soit qui fût de la terre et terrestre, qui fût de
l'homme et selon l'homme, et qui se fût formé ou manifesté en dehors du Christ et de Son Évangile. On sait, par exemple, avec quelle fougue Chrysostome critiquait Socrate et Platon, les stoïciens
et les épicuriens et les autres philosophes hellènes éminents. Non seulement il ne les mentionnait pas à l'appui d'un quelconque enseignement de l'Evangile - bien qu'il y eût chez certains
d'entre eux des paroles analogues aux paroles évangéliques - mais il les rejetait comme délétères et funestes pour l'âme.
Il n'en fut pas de même avec les maîtres hétérodoxes, oh non ! Craignant le monde et ayant une foi "chancelante" en l'Évangile, ils eurent recours, pour démontrer
la vérité de la révélation du Christ, à la philosophie hellène, aux mystères orientaux, aux sciences naturelles de l'Occident. Ainsi des écoles diverses et opposées firent-elles leur apparition
dans les églises hérétiques. Les unes s'inspiraient de Platon, les autres d'Aristote, les troisièmes des Stoïciens, les quatrièmes de Plotin, les cinquièmes des mystères orientaux, les sixièmes
de la théosophie indienne, et ainsi de suite ; à une époque plus récente cependant, certaines de ces écoles se fondaient entièrement sur les sciences naturelles, les considérant comme moins
mythiques que les mystères religieux orientaux. Les théologiens hérétiques d'antan rivalisaient pour savoir lequel introduirait dans sa théologie le plus éminent des philosophes hellènes. Ainsi
les catholiques romains eurent-ils recours à Aristote et les luthériens à Platon ; d'autres encore, des groupes protestants, adoptèrent Plotin et d'autres penseurs néoplatoniciens. Ils les
mêlèrent et les mélangèrent à la Bonne Nouvelle du Christ et affaiblirent et rendirent celle-ci triste. À une époque plus récente cependant, toutes les églises hérétiques commencèrent à
construire des murs de soutènement pour l'Evangile à partir de théories scientifiques. On érigea en absolu de nombreuses théories scientifiques, bien que les plus éminents scientifiques de notre
époque eussent cessé de considérer même les sciences positives - et a fortiori les théories - comme quelque chose d'absolu. Comme les soldats de Pilate revêtirent le Christ Seigneur d'un
manteau de pourpre à bas prix et comme Hérode Le couvrit d'un vêtement blanc, ainsi les théologiens hérétiques revêtirent le Sauveur de l'habit bon marché de la philosophie païenne et de la
fausse science. Pour mieux, soi-disant, Le vêtir et Le couvrir de parures ! Or, dans un cas comme dans l'autre, le Christ fut pareillement bafoué et humilié par cette
pagano-christologie.
L'Église Orthodoxe est la seule dans le monde à avoir sauvegardé la foi en l'Évangile en tant que Vérité unique et absolue (1 Tm 3, 15), qui n'a besoin ni de l'appui ni de l'aide d'une quelconque
philosophie ou science de ce monde. Allons-nous encercler et soutenir le Bien éternel et accroître la Lumière céleste par les feux fumigènes d'un charbon de bois et d'une huile minérale. Notre
glorieux Seigneur a dit : De la gloire, je n'en reçois pas qui vienne des hommes (Jn 5, 41). La position des hérétiques est justement contraire à celle du Sauveur du monde. Ils
recherchent la gloire des hommes. Ils craignent les hommes. C'est pourquoi ils s'accrochent aux hommes dits « célèbres » de l'histoire de l'humanité, pour trouver des confirmations de l'Évangile
et complaire davantage aux hommes de ce monde. Ils se justifient en disant : « c'est pour nous les concilier ». Mais comme ils se trompent amèrement ! Plus ils louent le monde - pour le
rapprocher prétendument de l'Église - plus ce monde loué par eux s'éloigne de l'Église. Plus ils se montrent « savants », « non spirituels », « contemporains », plus le monde les méprise. En
vérité, il est impossible de se concilier et le monde et Dieu. En outre, tout chrétien sait par expérience que l'on peut à la rigueur complaire à Dieu par la vérité et la justice, tandis que l'on
ne peut aucunement complaire au monde, ni par la vérité ni par le mensonge, ni par la justice ni par l'injustice. Car Dieu est éternel et immuable, tandis que le monde est temporaire et
changeant.
Quelles sont les conséquences de ces courbettes au monde hérétique ? Dévastatrices. Vraiment dévastatrices pour
l'Évangile, pour la vie individuelle et sociale des peuples hérétiques. Dévastatrices pour la foi, pour la culture, pour l'économie, pour la politique, pour la morale. Eh oui, pour tout et pour
tous. Car notre rapport au Christ, le Messager de la Bonne Nouvelle, détermine, avec une précision mathématique tous nos autres rapports à tout et à tous. Tandis que le Christ a dit : Sans
moi vous ne pouvez rien faire (Jn 15, 5), le monde hérétique exprime de mille manières cette pensée : « Sans le Christ nous pouvons tout faire. » Toute la culture moderne est un défi au
Christ. Toutes les sciences modernes sont en compétition, et c'est à celle qui frappera le plus fort la science du Christ. C'est une révolte de vulgaires servantes contre leur maîtresse que la
révolte des sciences de ce monde contre la science céleste du Christ. Or de nos jours cette révolte s'achève par ce qui est écrit, et cela d'une manière on ne peut plus claire : Dans leur
prétention à la sagesse, ils sont devenus fous (Rm 1, 22).
Vraiment, on ignore où se trouve la plus grande folie du monde moderne, séparé du Christ : est-ce dans la vie personnelle de l'individu ? est-ce dans l'école ou dans la politique ?
est-ce dans le système économique ou dans les lois ? est-ce dans la guerre ou dans la paix? On est arrivé partout à la pleine expression de ces deux choses : la vulgarité et la
brutalité. Et plus le Christ est absent, plus la vulgarité et la brutalité sont grandes. Le mensonge et la violence triomphent.